L’être humain était une créature à la fois étrange et complexe. Chaque personne vivante sur terre possédait des facettes plus ou moins différentes, similaires à d’autre. En fait, chacun était différent à son prochain, que cela soit dans sa façon d’être, ses habits, ses expressions physiques ou verbales. Tout cela faisait qu’un être humain se différencier d’un autre alors qu’il était génétiquement prouvé que chaque personne vivant sur terre disposait d’un ADN qui était unique à sa personne. Pourtant bon nombre de ces personnes tâchaient de fuir ce qui faisait d’eux une entité propre comme s’ils avaient peur de devoir faire face à leur réalité. Une réalité si effroyable, si éprouvante que leur pauvre âme si faible ne pouvait consentir à en supporter le poids tant cela leur faisait mal. Certains pour fuir cet évènement, cette image qu’ils avaient d’eux même, se noyaient dans l’alcool, la drogue, la luxure à partir du moment que cela leur permettait pendant un bref instant de se vider complètement la tête de pensées si négatives pour leur être. D’autres utilisaient un masque, derrière lequel ils se faisaient passer pour quelqu’un de différent, une personne qu’ils n’étaient pas réellement mais grâce à laquelle, personne n’allait chercher à creuser en dessous de la surface, jugeant qu’il n’y avait aucun lieu d’être. Ces personnes devenaient alors d’excellents comédiens, qui pouvaient à leur convenance manipuler le regard, l’avis des autres avec une telle aisance que personne ne pourrait supposer la chose possible. Min Woo faisait parti de ces personnes là.
A vrai dire toute sa vie n’était au fond qu’une comédie dans laquelle il tenait le premier rôle. Une pièce de théâtre digne des plus grands auteurs : une famille aux apparences parfaites, connue et respectée de tous. Une famille digne de ces vieilles caricatures américaines, où on les voit réuni autour d’une table savourant un diner préparé par la mère au foyer exemplaire aux multiples qualités qui faisait le bonheur des siens. Sa famille était à l’image de celle-ci : c'est-à-dire si parfaite qu’il était totalement prohibé qu’un fait ou un événement puisse nuire à la perfection de cette magnifique représentation de ce que les gens attendaient d’eux. Après tout n’étaient-ils pas constamment sous les feux des projeteurs ? Bien entendu, avec les deux films annuels dans lesquels ses parents jouaient souvent en couple d’affiche, il était bien évidemment normal que les photographes et journalistes soient à la vue de tout élément qui pourrait compromettre l’intégrité d’une famille qui semblait aux yeux de certains si fausses. Pourtant il fallait bien avouer qu’ils parvenaient à les manipuler comme ils voulaient tellement ils étaient habitués à esquiver les questions gênantes, déplacées avec des sourires amicaux et innocents. De cette façon, ils pouvaient alors cacher la vermine qui pourrissait derrière ces masques si parfait. Min Woo avait mit du temps pour se rendre compte que sa famille si parfaite aux yeux des gens et aux siens pouvaient cacher des secrets plus ténébreux les uns des autres. Comment en était-il arrivé à avoir une telle idée ? Disons qu’à partir du jour où il avait commencé à jouer la comédie lui même devant ses géniteurs. Ce jour là, il avait fini par ouvrir les yeux sur la vie, celle qui n’était pas faites que de strass et de paillettes. Cette vie horrible et cruelle qui se trouvait derrière les remparts du château, que constituait sa famille lorsqu’il était plus jeune, et qui l’avait rattrapé pendant un moment d’égarement. Un instant qui lui avait couté plutôt cher et dont les conséquences avaient été si catastrophiques, que le jeune homme lui-même ne parvenait plus à dire qui il était réellement.
Désormais, il errait dans une mer d’immondices dans laquelle il perdait pied sans pour autant être capable d’apercevoir une rive, un rivage auquel il pourrait se reposer quelques instants pour se ressourcer, tentait de savoir qui il était réellement. Il avait cru pendant quelques temps trouver sa place, apercevoir un semblant d’espoir qui lui aurait permit de se construire, de déterminer qui il était réellement cependant…ce n’était plus le cas désormais. Son cœur et son âme s’était fait mortellement touché lors de ce tragique événement qui le rendait si malheureux, si faible, qu’il était incapable d’y faire face de quelques manières que ce soit. Si seulement tout ceci s’en était arrêté là, peut être que comme toute autre personne, il aurait pu l’enfermer dans une boite bien close qu’il aurait fermé à clé pour ne plus jamais avoir à y penser ou à y faire face. Cependant le traumatisme qu’il avait vécu était bien trop fort, aussi bien mentalement que physiquement, que quelque chose en lui s’était brisé. Il n’était plus à l’heure actuelle que le pauvre esclave de son corps, de cette chair avide d’encore plus de contact avec autrui, de se sentir brûler totalement de plaisir comme ce terrible soir où il s’était retrouvé prisonnier d’une drogue, aphrodisiaque, qui l’avait rendu si fou et qui était le responsable de son état pathétique.
Min Woo se méprisait d’être ainsi, incapable de contrôler son corps comme il le désirait comme il se devait de le faire. Non, il n’était pas ou plus du genre à se retenir lorsqu’une personne lui faisait de l’œil et s’approcher de lui avec l’objectif de le draguer. Il se faisait même un plaisir de répondre favorablement à leur attention, n’hésitant pas à jouer la carte du dragueur qu’il avait été un jour et qui était la principale cause de son état actuel. Un jeu, une comédie voila ce qu’était devenue sa vie depuis ce fameux jour, encore plus qu’auparavant car lui-même se montrait véritablement faux avec quiconque et même ceux qu’il considérait comme des amis, des êtres chers à son cœur. Introverti et bien trop honteux de ce qu’il lui était arrivé, il n’avait pas la force d’avouer cette vérité qui avait brisée sa vie, alors devant un parfait étranger qui était désormais son psychiatre encore plus. Pourtant, il avait accepté le fait qu’il avait un problème et qu’il fallait qu’il se soigne, bien que cela fasse presque deux ans que cet événement s’était produit. Cependant pour l’instant, rien n’avait vraiment changé et il ne parvenait toujours pas à se contrôler physiquement. C’était un peu comme son corps ne réagissait pas aux pauvres suppliques de son âme.
Chose qui était incroyablement difficile pour lui, d’autant plus lorsque celui-ci faisait des siennes lorsqu’il se retrouvait auprès de son amie d’enfance, Shin Hye. Ce prénom avait toujours eu un effet perturbant sur lui du surement au fait qu’ils se connaissaient depuis qu’ils étaient petits. Ils semblaient si similaires sur certains points, battis sur le même principe, ce qui avait fait d’eux avec le temps de bons amis. Un lien positif qui n’avait que s’approfondir depuis qu’ils étaient entrés dans la même année, dans la même section et dans la même résidence. Shin Hye était désormais son amie, camarade de classe, colocataire et il fut rapidement évidant qu’ils passèrent de nombreux moments ensemble au point de former le couple d’acteurs de leur classe. Les premiers rôles leur tombaient souvent dessus et cela ne risquait pas du tout d’arranger les choses pour lui. Pourquoi ? Tout simplement parce que Shin Hye était bien loin de le rendre insensible et c’était d’ailleurs souvent problématique pour lui qui avait toujours un mal fou à établir une frontière bien délimitée entre son personnage et sa personne. Chose que jusqu’à ce jour ne lui était jamais arrivé et qu’il ne voulait plus jamais que cela se reproduise. C’est donc avec une certaine appréhension que le jeune homme attendait sa belle dans la réserve de leur bâtiment. Ils s’étaient tous les deux donnés rendez-vous là bas pour discuter du sujet donné en tant qu’exercice par leur professeur d’improvisation.
En effet, chaque duo avait chacun un thème à travailler pour la semaine suivante. Ils étaient tombés sur « l’adolescence », un thème assez large qui pouvait englober pas mal de contextes, d’idées de personnages totalement différents les uns des autres. La réserve qui accueillait en son sein énormément de costumes et accessoires était le lieu le plus adéquat pour faire fonctionner son imagination et trouver une idée digne de ce nom qui encore une fois allait surement les démarquer des autres. Simplement vêtu, d’un jean déchiré et d’un t-shirt aux motifs hollywoodiens auxquelles il avait rajouté quelques accessoires comme une chaine noire à sa ceinture et un bracelet lacé à son poignet droit, il était sagement assit sur le bord d’une petite scène autour de laquelle se trouvait une multitude de costumes et accessoires en tout genre qui rendait les lieux encore plus petit qu’il en donnait déjà l’impression. A croire que tout était programmé pour qu’il ne puisse pas réellement s’échapper de ces curieux tourments qui l’habitaient lorsque la belle blonde entrait dans son champ de vision. Des tourments qu’il ne s’expliquait pas, qu’il était incapable de définir avec des mots mais qui avaient le don de lui fait perdre pendant quelques instants pied…et à vrai dire cela l’effrayait particulièrement.
C’est en pensant à tout cela, plongés dans ces tourments à la recherche d’une réponse qui ne se faisait jamais qu’il entendit la porte qui se trouvait devant lui s’ouvrir, lui donnant enfin la possibilité d’admirer la jeune femme en question. Toujours aussi belle, aurait-il voulu se dire mais il s’était déjà interdit d’avoir une telle pensée alors qu’il lui souriait poliment dans un ton assez faible, se levant doucement pour venir à sa hauteur, glissant ainsi ses mains dans les poches arrières de son jean pour éviter d’avoir en tête des idées loin d’être catholique qu’il murmura dans une voix calme et posée.
« Salut Shin Hye. Pile à l’heure comme toujours à ce que je vois…J’espère que t’es prête à travailler car si tu veux mon avis, vu le thème qu’on a, les possibilités de contextes et de personnages sont nombreux…Enfin avant de se mettre au travail, j’espère que tu vas bien ? Après tout, je ne t’ai pas vu depuis le petit déjeuner, ça fait un bail… » Lança-t-il avec une pointe de sarcasme qui se voulait être plus amical qu’autre chose alors que son sourire et son regard se voulait être doux et tendre.