KUA, enfin ! In Ah était encore plus pressée d’y retourner qu’elle ne l’aurait cru. Si certains appréhendait l’idée de faire de nouvelles connaissances ou d’être séparés des amis de l’année précédentes, c’était pas son cas. Non pas qu’elle aimait faire table rase sur le passé mais c’était rassurant de connaître de nouvelles personnes. De cette façon, elle était sûre de préserver les anciennes connaissances de ses trous de mémoire. Passer à autre chose et prendre de la distance discrètement avec les anciennes relations. Bien sûr ce n’était pas valable avec tout le monde. Elle avait beau chercher à s’imposer une distance et un certain détachement, c’est parfois mission impossible. Mais promis, cette année elle allait y arriver sans pour autant se pourrir la vie.

D’un pas assuré, elle montra sa carte étudiante au vigile et franchit le seuil de l’université. Ca faisait du bien d’être de retour chez soit. Après avoir fait un tour du campus pour profiter du beau temps, elle passa à l’accueil pour récupérer les informations concernant son logement pour cette année et reçue sa clé personnelle. Résidence numéro un avec pour colocataire Im Jyu Ni, Lee Hyeon Joon, Lee Chang Min, Lin Jeong Hee et Kang Sun Ju… Le dernier nom la fit sourire. Lui, elle le connaissait… Ah non si elle commençait par se réjouir ça n’allait pas. Elle savait qu’elle aurait plutôt dû considérer ça comme un problème. Elle s’entendait déjà très bien avec Sun Ju, il était un peu comme un grand frère pour elle… C’était risqué non ? Si ils se voyaient trop souvent et qu’elle l’oubliait, ça serait vraiment dommage. Oui mais Sun Ju faisait partie des personnes dont elle avait jamais vraiment eut envie de s’éloigner. Tant pis, elle y songerait plus tard.

Se dirigeant vers la résidence 01, la jeune fille continuait d’examiner la liste des noms. Im Jyun Ni et Lin Jeong Hee… Autant elle savait la seconde elle la savait en troisième année de danse, autant la première ne lui disait rien… Une nouvelle année peut-être ? Quand à Lee Chang Min, Lin Jeong Hee.. Deux Lee. Certes, c’était un nom de famille courant, mais peut-être était-ce deux personnes de la même famille ? Peut-être même qu’elle les connaissaient de vu après tout.

Dans un haussement d’épaule, elle plia la feuille et la glissa dans sa poche. Une fois devant la résidence, elle hissa sa valise en haut des marches et ouvrit la porte qui était fermée à clé. Elle fit passer la valise avant elle puis referma la porte à sa suite. Pas besoin de fermer à clé, les autres arriveraient sûrement, si ce n’était pas déjà le cas. S’éclaircissant la voix, elle demanda à travers la maison silence :

« Y’a quelqu’un ? … Non ? Alors j’entre ! »

Chose qu’elle fit. Retirant ses chaussures pour les laisser à l’entrer, elle se faufila dans la maison sans pour autant lâcher sa valise. Arrivée dans le salon, elle prit la peine de retirer sa veste qu’elle déposa pliée sur l’accoudoir du canapé puis abandonna sa valise au sol. Curieuse, elle jeta un coup d’œil au salon et à la cuisine avant de filer visiter les chambres à l’étage sur la pointe des pieds. C’était différent de ses logements des deux années précédentes, comme elle s’y attendait, mais toujours aussi agréable.

Le bruit d’une porte se referma en bas lui indiqua qu’elle n’était plus seule dans la maison. Pressée de voir la tête de ses nouveaux colocataire, elle descendit joyeusement les escaliers. A l’autre bout de la pièce se trouvait un grand brun dont le visage lui rappela un instant quelque chose, sans parvenir à remettre le doigt sur quoi au juste. Chassant cette sensation de déjà vu, elle lui fit un grand sourire.

« Hey ! Tu dois être l'un des deux Lee, non ? Bienvenue chez toi, moi c’est Suh In Ah ! »

Sans se départir une seule seconde de son assurance, elle traversa la pièce, pressée de pouvoir faire connaissance. Visiblement, elle n’était pas tombée sur un colocataire désagréable à regarder cette année. Amusée, elle se demanda si elle pouvait considérer ça comme un signe de bon augure pour cette nouvelle année ?

Tenue du jour

Son enthousiasme sembla faire chou blanc. Mais alors complètement. La jeune fille eut un peu de mal à comprendre la réaction en face d’elle. Elle espérait un sourire aimable au minimum, après tout ils allaient partager la même résidence pendant un an, en compagnie de quatre autres personnes, mais c’est toujours mieux de partir sur le bon pied & de tout faire pour s’entendre avec ses futurs colocataires non ? Enfin c’est ce qui lui avait toujours paru logique de faire. L’année dernière tout c’était très bien passé, avant même d’avoir trouvé sa résidence elle s’était retrouvée en compagnie de personnes agréable, alors ça lui avait semblé couler de source que ce serait à nouveau le cas cette année.
Mais sa réaction n’avait rien à voir avec une réaction classique. D’accord, il était des gens naturellement froid. Elle le savait. Mais là ce n’était pas ça, du moins il ne lui semblait pas. De la distance ou de la surprise, elle savait pas vraiment lequel des deux avaient d’abord prit place en face d’elle et n’en trouvait pas non plus la cause. Le soupire qu’il poussa termina de la couper dans son élan et elle s’arrêta, interdite. Il y avait un problème ? Hum mise à part sa supposition comme quoi c’était un Lee, elle n’avait rien dit, c’était quand même pas une raison pour en vouloir à quelqu’un, si ?

« In Ah…. Je n’ai vraiment pas envie de jouer aujourd’hui, tu sais. »

Okey… Heu elle avait officiellement du mal à le suivre là. Silencieuse, cherchant à relier ses paroles à un quelconque sens, le regardant passer sa main dans ses cheveux. C’était pas le genre de ton qu’on employait pour faire connaissant, c‘était tout ce qu’elle arrivait à penser. Il était toujours comme ça ? Où alors il avait passé une mauvaise journée & sa lui tombait dessus ? Où encore il… Hum non elle trouvait pas d’autre mobile.

In Ah souffla intérieurement pour parvenir à passer outre. Ok, il avait pas envie de parler aujourd’hui, c’était pas grave, ça arrivait à tout le monde d’être de mauvais poils…. Quoi que ça la contrariait tout de même d’être celle sur qu’il répercutait ça. Mais elle le lui dirait un autre jour, pour l’heure l’objectif était vraiment de faire en sorte que cette première rencontre se passe bien. Il fallait donc redresser la situation.
Cherchant comment parvenir à radoucir l’atmosphère, elle choisit d’attendre qu’il finisse de poser ses affaires. Sans bouger du pied des escaliers, elle le regarde mettre sa valise à terre à l’entrée & revenir s’asseoir sur le premier fauteuil.

« Enfin, si ça t’amuses de jouer à ça, vas-y. »

La tension qu’il dégageait, le malaise dans la pièce, le sens des paroles… Là ça devenait difficile de croire qu’il la ciblait pas elle en particulier. Elle avait peur de passer pour une paranoïaque mais… Si par la première phrase il la visait aussi.. Attends, mais de quoi il parlait ? Que ça l’amuse de jouer ? Les yeux d’In Ah s’agrandir d’incompréhension. Il était sérieux ? Ou alors c’était lui qui s’amusait à dire des choses bizarres ? Bizarre oui, c’était le mot.
Chercher quelque chose à dire, elle entre-ouvrit les lèvres, mais toujours sous le choc et cherchant à comprendre ce qui se passait, rien ne sortit. Crier n’était pas dans son genre. Mais elle aimait pas non plus qu’on passe ses nerfs sur elle si elle n’y était pour rien, encore moins qu’on se moque d’elle sans la connaître. Franchement, lesquels deux jouait ? … Pourtant c’était étrange. Il la fixait dans les yeux, comme s’il cherchait à fouiller, à trouver une réponse dont elle ignorait parfaitement la question. Non il n’avait pas l’air de jouer. C’était perturbant.
Elle devait faire appelle au bon sens… Autant commencer l’année de la façon la plus honnête possible, elle ne voulait vraiment pas commencer par se fâcher avec ce nouveau colocataire. Elle avait à nouveau, plus calme, moins enthousiaste malgré elle. Elle repris d’une voix plus hésitante, tout en s’efforçant de toujours sourire.

« Hum.. Okey… »

Pas très efficace là, fallait vraiment qu’elle trouve quelque chose à dire, elle allait pas se laisser démonter par un peu de mauvaise humeur incompréhensible non ? Expirant l’air de ses poumons une bonne fois pour tout, elle repris une gorgée d’air et se lança.

« Heu, j’ai déjà fait quelque chose de mal le temps de descendre les escaliers ? Ou alors c’est pas ton jour et c’est complètement externe à moi ? Parce que… Comment dire, j’ai eut l’impression que tu me visais directement, alors… »

Oui dit comme ça c’était idiot, pourquoi lui en voudrait t-il, franchement ? Elle devait être parano’, ou bien il y avait une autre explication, ou bien… Non ça restait trop bizarre. Mais elle se força à terminer sur sa lancée.

« Enfin, comment dire… Si c’est moi qui pose problème dit le moi directement… »

Où comment dire quelque chose et prier pour que l’inverse se produise. Arrêtée au milieu de la pièce, elle essayait de ne pas perdre une seule de ses réactions. Avec un peu de chance ça lui permettrait de vite régler le problème et dans cinq minutes ils n’en parleraient plus. Mal à l’aise, elle tordit discrètement ses doigts, mains jointes. Un petit quelque chose au fond d’elle lui disait que quelque chose clochait vraiment dans tout ça, mais c’était comme vouloir saisir un rêve : a chaque fois que vous croyez l’avoir focalisé, il vous glisse entre les doigts, demeurant insaisissable. Et de cette impression étrange de déjà vu fuyard lui laissait en arrière goût de mauvais pressentiment.
Mais ce n’était pas le moment de se laisser divertir par des impressions, pas question de lui laisser penser qu’elle ne se préoccupait pas de la conversation. Elle repoussa donc cette légère inquiétude dans un coin plus reculé de son esprit.

Elle qui pensait réussir rediriger la conversation vers un semblant de normalité… Tout semblait juste s’imprégner d’étrangeté, pour ne pas dire s’y embourber. Elle ne comprenait pas cette façon qu’il avait de la regarder comme si… Comme si elle parlait une autre langue ? Non ça ne ressemblait pas vraiment à cela, mais il y avait un problème de communication quelque part. Elle parlait bien coréen pourtant et lui aussi, alors où est-ce que ça clochait ? Et pourquoi cette fausse impression de déjà vu revenait encore à l’assaut ?

A son expression, elle devinait qu’il y avait un os. Et que visiblement, le fossé qui les séparaient elle n’avait fait que le creuser un peu plus. Aucun point de marqué dans aucune de ses phrases ?

« Tu ne me poses pas problème ; c’est juste la manière dont tu me traites qui est irritante. »

Il détourna les yeux. In Ah profita pour essayer une nouvelle fois de comprendre ce qui se passait, de déchiffrer les expressions de l’homme en face. C'était froid et blessant. Mais ça n’avait aucun sens. Elle le traitait de façon.. irritante ? Elle chercha le positif. C’était pas elle qui était irritante, juste la façon dont elle le traitait. Oui mais là ça clochait à nouveau. Elle le traitait normalement non ? Elle avait été polie & souriante, comme avec n’importe qui d’autre, alors qu’espèce qui lui convenait pas ? Elle aurait sans doute pensé qu’il cherchait juste à être désagréable si il n’avait pas paru si… amer ? Comme si réellement la façon dont elle se comportait le blessait ? Et pourtant elle ne faisait rien. Il manquait une pièce au puzzle.
Elle avait beau chercher à savoir à quel point il était énervé, elle ne trouvait pas. Se méfier ? Ou considérer qu’il prenait vraiment sur lui ? Une part d’elle ne se sentait pourtant pas en danger, bien que sa logique lui criait qu’il y avait trop de point étrange pour que tout aille bien en réalité.

« J’ai l’impression que tu penses que je ne t’aimes pas, enfin plus, pourtant c’est tout le contraire… »

Une douleur vive lui fit traversa un tiers de seconde la tête. Le temps de froncer les sourcils et elle n’était déjà plus capable de dire où précisément la douleur c’était déclarée. Rien d’assez long pour lui faire oublier pourquoi elle perdait pieds. Tout le contraire de « je ne t’aimes pas » ça donnait quoi précisément au juste ? Perdue, elle le regarda se lever, faire un pas et s’arrêter. Elle-même n’était pas fichue de bouger. Elle devait s’inquiéter mais aucun signal en elle ne se déclenchait pour le faire. Et c’était pas du au fait qu’il restait calme. Elle ne savait juste pas comment réagir. Il hésitait. A quoi, là était bien la question. Qu’importe ce qui l’avait fait douté, il fini par prendre une décision, tandis qu’elle tournait et retournait la dernière phrase qu’il avait dit, toujours sous le choc de l’incompréhension, cherchant la pièce qui lui manquait indéniablement. Elle cherchait mais son cerveau restait vide, comme endormi. Elle se contenta de le fixer en cherchant un sens, un but à tout ça.

Sans comprendre, elle le laissa s’approcher, s’immobiliser en face d’elle. C’était perturbant cette faon qu’il avait de la regarder. Elle avait l’impression d’être sondée mais il n’y avait rien à trouver, ils ne se connaissaient pas. Le silence paru se faire un peu moins lourd, moins pesante mais restait pourtant chargée d’attentes. Inah craignait qu’ils n’aient pas les mêmes, elle attendait qu’il lui explique tandis que lui….

« Si… si tu veux je te laisserai tranquille, mais je veux juste des réponses à mes questions. »

Complètement perdue, elle releva la tête vers lui, s’assurant qu’il était bel et bien sérieux. Ca semblait être le cas. Et elle avait l’impression de nager au milieu de l’océan. Tout ça rimait à rien. Il parlait de comment elle le traitait, d’aimer, des questions, de réponses… La jeune femme le fixait, le visage fixé par l’incompréhension.
Elle ne trouvait même pas quelle question à poser, alors apporter des réponses ?

« Tes questions ? Je… Je comprends pas, quelles questions ? Je veux bien t’aider mais de quoi tu… ? »

Puis soudainement elle trouva, coupant net sa phrase. Cet air de déjà vu. C’était… le même que quelques années plutôt, quand une fille était venue lui parler en cours. Elle ne connaissait pas cette fille mais elle avait passé plusieurs minutes à parler, parler, parler comme si elles c’étaient toujours connus. Ce qui avait fini par s’avérer être le cas. Mais c’était pas possible.
Pour la première fois depuis qu’ils étaient dans la même pièce, la jeune femme se mit à le dévisager, cherchant à se remémorer ses traits, trouver quelque chose de familiers. Désespérément rien. Mais cette explication, bien qu’improbable, donnait soudainement plus de sens à la conversation. Mais normalement le traitement qu’elle prenait servait justement à éviter ça. Il marchait. Il devait marcher, elle pouvait pas recommencer à oublier les gens.
Ce fut son tour d’hésiter. C’était étrange comme question et elle craignait de découvrir une vérité qui était la sienne mais qui lui serait inconnue…

« Est-ce que, par hasards… C’est étrange mais… Toi et moi, on se connaît ? »

Sa phrase se termina dans un murmure, comme si elle ne voulait pas vraiment la finir. Elle coupa sa respiration, tendue en attente complète de sa réponse. Elle guettait chaque parcelle de son visage, craignait d’avoir juste. Le doute l’envahissait et elle savait qu’en fonction de sa réponse à lui tout pouvait déraper vers l’inconnu complet. Elle aurait du vouloir fuir à l’idée de risque de plonger de la sorte, mais elle pouvait pas. L’homme en face d’elle semblait trop sérieux pour qu’elle ose. Pas par peur. Mais elle craignait d’être en fin de compte belle et bien la cause du mal être ambiance.

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