Allongé sur un canapé qui me rappelle quelque chose, je me réveille avec une lumière aveuglante dans les yeux, très intense, je me force à ouvrir les yeux et je vois ma mère avec cette lumière derrière elle. Elle arrive à ma hauteur et me dit de me dépêcher car tout le monde m’attend. A moitié réveillée, je ne me rends pas compte de ce qu’il se passe, j’ai du mal à me lever mais une fois la chose faite, elle disparaît.
J’observais les alentours et je pu m’apercevoir que je me trouvais dans la maison de mon enfance. Je reconnaissais bien ce canapé qui datait du IX ème siècle et aussi cette photo de famille qui trônait au dessus de la cheminée. Je n’essayais pas de comprendre le comment du pourquoi j’étais dans ses lieux et je me précipitais vers le jardin, il faisait presque nuit et je savais pertinemment où les trouver à cette heure de la journée.
En un laps de temps très court, je suis à l’extérieur, bizarre je n’ai pas l’impression d’avoir marché ou quoi que se soit, enfin bref, j’étais heureuse de me retrouver là mais il y avait quelque chose qui clochait. Pourquoi personne ne vient me voir ? Pourquoi font-ils comme si je n’étais pas là ? J’ai l’impression que je suis invisible, j’arrive près ma mère mais elle s’en va danser avec un homme que je ne connais pas. Mes cousins et cousines chantent un air qui m’est inconnu, essayant de leur parler, aucun mot ne sortait de ma bouche. J’étais devenu muette, je ne pouvais qu’entendre que le son mais celui-ci était quand même brouillé.
La musique devient de plus en plus forte, à ce moment quelqu’un m’attrape le bras et m’emmène loin de là. Eux continuaient à danser et chanter comme si je n’avais jamais existé. Je m’attardais alors sur la personne qui m’avait « enlevé », j’avais beau essayé je n’arrivais pas à voir son visage, elle était comme une ombre qui m’emmenait au loin. Elle disparu et j’étais seule au beau milieu de nulle part. Tout autour de moi m’était inconnu, je n’avais jamais vu un endroit comme celui-ci. Il y avait la mer qui se trouvait devant moi mais des arbres se trouvaient au dessus de cette masse d’eau, jamais de ma vie je n’avais vu une telle chose. J’étais sûrement en train de rêver…

Mais où je suis ? Ma vue est brouillée…J’essuie mes larmes…La lumière de mon ipod, qui affichait l’air d’Armik avec tango flamenco, est la première chose que j’aperçois… Je ferme les yeux plusieurs fois avant de réaliser que ce n’était qu’un rêve… Je me trouvais dans la salle de spectacle de mon école, je me demande comment j’ai pu atterrir ici, n’avais-je pas cours ? Ne devrais-je pas aller m’entraîner ? J’avoue que je n’avais envie de ne rien faire, ce rêve ou plutôt ce cauchemar m’avait mise mal à l’aise. Y avait-il une signification là-dedans ? Peut-être bien que oui, peut-être bien que non et de toute façon je n’étais pas d’humeur à penser à cela.

Je regardais la scène et je souris. Il y avait des décors d’arbres et un peu plus loin un fond bleu, je comprends un peu mieux l’endroit bizarre où j’étais il y a un instant. Mon inconscient l’avait transformé en un lieu féerique voir magique. Je me levais difficilement de mon siège, il faut dire qu’ils sont très confortables. Il était 16h de l’après-midi, je ne savais pas combien de temps j’étais ici mais j’aimais cet endroit et j’avais décidé d’y rester encore un moment. Une fois levée, je montai sur scène et me mis au beau milieu de celle-ci, la sensation y était agréable.

Un jour je me tiendrais devant cette scène, un jour se sera mon heure de gloire…

« Tu n’es pas censée danser, là ? »

Je n’avais pas remarqué que quelqu’un avait pénétré dans cette salle jusqu'à que j’entende cette voix me disant si je n’étais pas censée danser. Je repris mes esprits, car mon rêve de tout à l’heure n’était pas complètement sortie de ma tête, et je pu apercevoir que ce n’était personne d’autre que le garçon de la dernière fois, Lee Ethan, si ma mémoire ne me jouait pas des tours. Tiens, tiens, encore lui, je me souviens que la dernière fois que l’on s’était rencontré je n’avais pas été très aimable. De un je suis souvent comme cela mais de deux il n’était pas venu au bon moment, j’avoue que je n’étais pas d’humeur car je n’arrivais pas à exécuter un pas convenablement. Enfin bref, notre rencontre n’était pas partie du bon pied et c’était entièrement de ma faute. Bon, entièrement je n’en suis pas sur, il l’avait cherché non ? Hein, un petit peu ? On peut dire qu’il n’en faut pas beaucoup pour m’énerver surtout lorsqu’on m’interrompt lorsque je suis en train de danser. Je n’aimais pas être dérangé, ça peut se comprendre, non ?

« Je ne m’y connais peut-être pas en flamenco et compagnie, mais j’aime regarder. Donc, je suis ton spectateur… J’espère pour toi que tu en auras plus la prochaine fois que tu monteras sur ses planches, mais vas, je t’en prie. Fait comme si la salle était remplie. »

Je souris et exécuta quelques pas de danse de flamenco, celui-ci n’est pas unique, il existe des centaines de genres différents. Chacun d’entre eux possédant une atmosphère propre, j’avais choisi le cante jondo qui est la forme la plus profonde et la plus ancienne. Les genres du flamenco sont gouvernés par des règles aussi strictes que celles de la composition classique. Ce qui en fait une danse très difficile à exécuter. La danse mettait en jeu toutes les parties de mon corps, mon expression était aussi importante que de mes mouvements de pieds. Après 3 minutes d’efforts intenses, je descendis de scène pour retrouver le jeune homme.

« Je n’étais pas là pour danser mais étant donné que tu étais là, tu as eu le droit à petit aperçu de mon talent… »

J’étais peut-être têtue néanmoins je savais admettre lorsque j’avais tort et la petite danse personnelle que j’avais exécutée devant lui était comme pour me faire pardonner de mon comportement de la dernière fois. En espérant que cela lui fasse plaisir car ce n’est pas tous les jours que l’on obtient une session de danse particulière de la grande Jeong Hee ! Et oui, je m’entrainais souvent seule, allez savoir pourquoi il n’y avait pas foule lorsque je pénétrais dans la salle d’entrainement, peut-être que la plupart des étudiants savaient à quel point je pouvais être irritante par moment ? C’était peut-être le cas mais j’avais une raison : je n’aimais tout simplement pas que l’on me voit lorsque ma chorégraphie n’était pas terminée. Je ne voulais pas que l’on m’observe à l’état de « création », mes camarades étaient les bienvenue si je jugeais que j’étais « parfaite » et qu’il n’y avait plus rien à redire sur mes pas !


« Et si ce n’est pas indiscret, que fais-tu là ? Tu n’as pas cours ? »

Je n’étais pas la meilleure personne pour faire ce genre de remarque, étant donné que moi-même je me trouvais dans un endroit que je ne devrais pas, mais ma curiosité s’était éveiller et j’étais intéressée de connaitre sa réponse. Bon, la réponse pouvait être tout à fait évidente style : « je n’avais pas envie d’aller en cours » ou encore « je voulais être seul ». La salle de spectacle n’était pas un endroit fréquentée en dehors des représentations et des répétitions, c’est une des raisons d’ailleurs qui me pousse à venir ici et pas autre part. Peu de gens s’y aventuraient et si vous aviez envie de réfléchir ou de faire le point, il n’y a pas meilleur endroit.

J'étais assez contente qu'il soit passé par ici, quelque soit son excuse, car pour vous dire la vérité je n'avais pas envie de rester seule. Bon lui ou un autre, ça m'était complément égale ! C'était surement mon rêve qui m'avait fait me sentir de la sorte, je savais pertinemment que si je me retrouvais seule, il défilerait sans cesse dans même tête et ce même si je n'en avais pas envie. Discuter avec une personne me ferait penser autre chose et me faire me sentir mieux...enfin je crois...