Fighting !

**Invité**

Je n'étais pas vraiment d'humeur, ce soir là. Je ne sais pas si ça aurait pu se passer autrement dans un autre contexte que celui dans lequel j'étais, mais le fait est que ça c'était fait comme ça. Je rentrais d'un pas rapide et énervé à la résidence que je partageais - pourquoi partager en plus ? C'était si difficile que ça pour cette école de nous refiler des appartements individuels ? - avec cinq autres élèves. Je ne les connaissait pas bien - même pas tout court en fait - et n'avait pour ainsi dire pas vraiment l'envie pressante de connaître plus que leurs noms et leurs visages. Et encore, je ne sais pas si c'était vraiment utile pour moi des les connaitre. Hum.

[...]

Je m'affalais sur une chaise de la résidence, mon expresso à la main. Je n'en avais pas grand chose à faire que la grande majorité des gens préfèrent le thé, qui était beaucoup trop plat et sans goût pour moi, et je ne trouvais rien de meilleur qu'un café noir. En toutes circonstances, cette boisson me réchauffait au plus profond de moi même et me faisait sortir de ma léthargie. Je fis un soupir de satisfaction en terminant de boire le liquide sombre et amer. Oui vraiment, à présent je me sentais beaucoup mieux.

[...]

J'étais maintenant assis sur le canapé, un magazine de musique à la main, pas inintéressant mais pas passionnant non plus. Sur la couverture, un groupe de fille type girl band posait en faisant un large sourire, en habits roses fuchsia et blanc. La légende indiquait en gros ''Les So Nyeo Shi Dae posent pour notre magazine !''. Encore un groupe pré-fabriqué, avec une durée de vie plutôt limitée, et qui ne restera sûrement pas dans l'histoire. Le magazine relatait la vie de chacune, et Jessica blablabla, et Hyo Yeon blablabla. Bref, le genre de lecture pour ceux qui avaient du temps à perdre. Or, moi j'en avais, c'est donc avec une certaine lassitude que je plongeais mon beau regard sur l'encre qui colorait le papier glacé. Je n'entendis pas une porte s'ouvrir, mais je ne laissais tressaillir aucun de mes membres lorsque je sentis quelqu'un entrer la pièce, et ne prit même pas la peine de relever mon regard. Ça ne devait pas vraiment valoir le coup. Ça ne valait jamais le coup. Et puis, si la personne pensait que j'étais important – je le suis, mais certains ont du mal à l'assimiler, vous voyez – elle dirait quelque chose. Il y eut un long silence durant lequel je continuais de feuilleter mon magazine, puis plus par lassitude que par considération pour mon interlocuteur, qui s'avéra être une interlocutrice je levais la tête et détaillait l'arrivante qui venait me gêner dans ma ''passionnante'' lecture. Elle avait vraiment une tête bizarre à me fixer ainsi.

-Tu compte rester comme ça encore combien de temps ? Personnellement ça ne me dérange pas vraiment, mais je ne suis pas sûr que la position de statue soit la meilleure qu'on puisse occuper dans cette école. Je ne vois pas bien comment tu as fait pour rentrer ici si tu passe ton temps à ne pas bouger.

Fis-je d'un ton glaciale. J'étais bavard aujourd'hui remarquais-je, mais au fond, il aurait peut-être mieux fallut que je ne le sois pas, et que je ferme ma bouche. Pour elle, s'entend.

**Invité**

Ma journée avait été particulièrement épuisante. J'avais une nouvelle chorégraphie à travailler en hip hop, si bien que je n'avais eu aucune minute de libre, pas même pour me restaurer. Mon déjeuner ne s'était composé que d'une pauvre brioche nature. Heureusement pour moi, il ne me fallait pas une tonne de nourriture pour ne pas tomber dans les pommes. Du moment que j'avais mangé comme une reine pour le petit-déjeuner. En ce qui concernait ma performance d'aujourd'hui, j'étais contente du résultat, ce qui arrivait rarement lorsqu'elle débutait une nouvelle danse. Je me devais de progresser, je n'étais pas ici pour faire de la figuration : j'avais un but à atteindre et mes adversaires étaient nombreux.

En quittant l'aile des danseurs, j'attrapais au passage un magazine de musique qui trainait, pour pouvoir me divertir un peu lorsque je serais rentrée chez moi. C'était toujours marrant de voir les derniers ragots et les dernières sorties musicales. Enfin, ce n'était pas toujours marrant pour les personnes qui y apparaissaient, mais c'était la vie des artistes. Après tout, peut-être qu'un jour, ce serait moi sur cette couverture, à la place des SNSD, en train de porter de magnifiques vêtements de haute couture et un sourire aux lèvres. C'était la raison de ma présence à KUA après tout : percer dans ce milieu compétitif.

Je retournais immédiatement après dans la résidence number three, ma résidence. Je n'avais pas encore fait la connaissance de tous mes colocataires, mais je m'entendais déjà très bien avec Mahana. J'étais contente d'avoir trouvé une alliée dans la résidence, au cas où je ne m'entendrais pas avec les autres. Ils pouvaient peut-être ne pas vouloir creuser un peu plus pour me connaître et surmonter ma méfiance naturelle. Après, c'était leur problème, j'étais bien comme j'étais, n'est-ce pas ? En entrant, je jetais le magazine que j'avais tenu à la main durant tout le trajet sur la table du salon, et j'allais poser toutes mes affaires dans ma chambre. Je pris par la même occasion une douche, histoire de laver toute la fatigue accumulée et de tout simplement me rafraichir les idées, après quoi j'enfilais une tenue plus confortable, composée d'un débardeur blanc, d'un pantalon rose bonbon assez large ainsi que des tongues de la même couleur. Je fis de mes cheveux deux nattes, histoire qu'il ne me gênent pas lors de ma lecture. Puis je descendis dans le salon, écouteurs dans les oreilles et ipod au volume maximum pour me détendre. Lorsque j'arrivais devant la porte qui donnait dans le salon, je remarquais que la lumière était allumée, alors que je l'avais éteinte lorsque j'étais sorti de la pièce, pour économiser de l'électricité à KUA (bien qu'ils ne manquent pas de moyens pour tout payer, mais c'était une habitude chez moi). Apparemment, quelqu'un était là, je me demandais bien qui cela pouvait être. J'enlevais mon ipod de mes oreilles et l'éteignis, avant d'ouvrir lentement la porte, sans faire un bruit, et m'avancer à pas feutrés dans la pièce.

Je reconnus immédiatement le jeune homme assis sur le canapé, et qui tenait d'ailleurs mon magazine entre ses mains : Park Ki Sang. Je me mis à l'observer sans même m'en rendre compte. Tout le monde le connaissait de réputation, dont moi. Il était considéré comme un petit prince à cause de sa beauté, et il ne l'avait sans doute pas volé, même si cette école regorgeait de merveilles en tout genre. Il se dégageait un certain charme de sa personne, mais toute rose a ses épines. Il avait apparemment un assez mauvais caractère, ce que l'on pouvait remarquer en voyant son expression fermée et froide, même alors qu'il était en train de lire. Mais moi, je savais que ce n'était qu'un masque. Cela, je le savais grâce à une promenade nocturne dans les couloirs de la résidence. J'avais besoin d'un verre d'eau pour me rafraichir, et, en passant à côté de sa chambre (je le savais parce que son nom était collé sur sa porte), je l'avais entendu sangloter. Sur le moment, je n'y avais pas trop fait attention, surtout que j'avais autre chose à faire comme me désaltérer. Le jour suivant, les cernes que je vis en-dessous de ses yeux malgré la grosse couche de fond de teint confirmèrent ce que j'avais entendue. Depuis, à chaque fois que je le croisais, je me demandais le pourquoi de ses pleurs, et c'était sûrement la raison pour laquelle je m'attardais sur lui. Il dut sentir mon regard, car il leva la tête, et me gratifia d'un regard noir. Je soutenais son regard, prête à combattre si le besoin s'en faisait sentir.

« Tu compte rester comme ça encore combien de temps ? Personnellement ça ne me dérange pas vraiment, mais je ne suis pas sûr que la position de statue soit la meilleure qu'on puisse occuper dans cette école. Je ne vois pas bien comment tu as fait pour rentrer ici si tu passe ton temps à ne pas bouger. »

Je mis quelques secondes à assimiler l'agression verbale que je venais de subir de sa part, alors que c'était, me-semble-t-il, la première fois que je lui adressais la parole. En une seule phrase, il avait réussi à élever mon niveau de garde au maximum, à m'insulter, et à insulter ce que je faisais. Aish, je détestais vraiment les personnes comme ça. Si ça ne tenait qu'à moi, j'aurais déjà été en train de l'étrangler avec MON magazine, et à le rouer de coups. Mais Ki Sang avait des circonstances atténuantes, et au lieu de l'agresser comme j'aurais normalement dû le faire, je me contentais simplement de lever les yeux au ciel d'exaspération, avant de lui répondre calmement.

« Yah ! Pas besoin de faire ton intéressant devant moi avec tes grandes phrases ! Je sais que t'es pas aussi débile que t'en as l'air.»

Je lui laissais le temps de digérer mes sous-entendus, et sans attendre de réponse, je m'avançais d'un pas décidé vers lui en le regardant dans les yeux, et je lui arrachais mon journal de ses mains, au risque de le déchirer. Je l'avais pris pour moi, et pas pour que quelqu'un d'autre.

« Ça, c'est à moi ! »

Puis, je lui tournai le dos et m'assis sur le fauteuil en face du canapé, avant de rebrancher mes écouteurs et commencer ma lecture, sans lui accorder plus d'attention.

**Invité**

Je me replongeais dans mon magazine, ou plutôt celui qui était sur la table et attendit patiemment qu'elle daigne me répondre, ce qu'elle fit sans tarder. Et sa réponse fut des plus inquiétante pour moi.

-Yah ! Pas besoin de faire ton intéressant devant moi avec tes grandes phrases ! Je sais que t'es pas aussi débile que t'en as l'air.

Je sursautais et m'agrippais au magazine et tournais lentement la tête. Sa réponse m'interpelait pour deux raison. La première était que je n'étais pas débile. Les personnes comme ça, je me les passais par dessus la tête, et ses réflexions elle pouvait se les mettre là où tout le monde pense. La deuxième, c'était la signification entière de la phrase. Pour quelle raison, si elle me trouve si débile que ça – ou plutôt, si elle trouve que j'en ai tellement l'air d'un – comment ce fait-ce qu'elle sache que je ne le sois pas autant que ça ? Enfin de son opinion, personnellement, je ne me trouve pas débile quelle que soit la situation, mais on ne sait jamais avec les autres.

Elle s'avança sèchement vers moi et me regarda dans les yeux. Je soutins son regard, mi interrogateur, mi défiant et elle me pris le magazine des mains. Mmh … Ça m'inquiétais maintenant plus que ça m'intriguais, et je sentais mon cœur battre à cent à l'heure sous le coup de l'inquiétude, comme un oiseau pris au piège dans une cage, ou une sourie entre les griffes d'un chat, ou autre chose, mais …

-Ça, c'est à moi !

Je laissais les So Nyeo Shi Dae s'éloigner de moi – quelle tristesse, uhu – mais continuait de regard la fille qui s'assit dans un fauteuil avec un petit air satisfait. Arf, elle connaissait quelque chose sur moi, maintenant j'en était presque sûr, et ça me terrifiait. Je me levais très lentement, sans vouloir faire de gestes brusques car je n'avais pas l'envie d'être brusque, et je m'approchais d'un pas méfiant de la fille. Je la fixais pendant quelque secondes, assez pour savoir que ce qu'elle attendait de moi était que je lui pose la question. Eh bien tant mieux pour elle, elle allait être servie. Je m'assis sur le sol et mis mes bras et ma tête sur l'accoudoir de son fauteuil, en tournant légèrement cette dernière.

-Dis-moi … Qu'est-ce que tu entends exactement par ''pas aussi débile que tu en as l'air'' ? Pas que je sois curieux de savoir ce que tu sais sûr moi, mais il est probable que si en fin de compte.

Fis-je en la fixant très fortement, histoire qu'elle ne décide pas de m'ignorer royalement ou de changer de sujet, ce qui constituerai pour moi une frustration que je ne laisserai certainement pas passer aussi facilement qu'elle le voudrai. Si elle savait quelque chose, il fallait qu'elle me le dise, et absolument, sinon je ne saurai pas à quoi m'en tenir, et c'était une chose que j'aberrais, de plus, je me sentirais en danger. Et je déteste me sentir en danger.

**Invité**

Arracher le journal des mains de Ki Sang avait été une réaction puérile, certes, mais il fallait que je concentre ma colère contre le jeune homme dans quelque chose, et ce quelque chose se trouva être le journal. Un air satisfait ornait mon visage alors que je l'ouvrais après m'être confortablement installée dans mon fauteuil. Les So Nyeo Shi Dae en faisaient la couverture. Si un jour j'arrivais à faire la même chose, je me déciderais enfin à rendre visite à ma pauvre mère, pour lui montrer à quel point elle avait tord de privilégier ma chère sœur. Ça aussi, c'était puéril, mais je n'avais pas eu le temps de l'être assez pendant mon adolescence, alors je me rattrapais comme je pouvais maintenant.

Je sentis que le jeune homme assis en face de moi se leva, et se dirigeai dans ma direction. Ma phrase lui avait sûrement mis la puce à l'oreille. C'était le but. Malgré le fait qu'il paraisse aussi détestable, je ne pouvais pas le laisser se détruire. C'était sûrement dans ma nature. Mais tout le monde n'était pas une battante comme moi pour s'accrocher, et même s'il s'en donnait l'air, Ki Sang devait sûrement faiblir de temps en temps, comme lorsque je l'avais entendu. Je relevais la tête pour le voir s'avancer vers moi, lentement, un air méfiant sur son visage. J'avais donc raison. Durant les quelques secondes où il me regarda dans les yeux, je pus voir de la peur passer dans ses yeux. Il avait peur que je sache quelque chose de trop intime, qui gâcherait son image de petit prince tout mignon. Ce n'était pas mon genre de tout raconter, mais s'il m'y obligeait, je n'aurais pas d'autre choix que de me venger un jour ou l'autre. Je l'incitais à me parler -s'il en avait le besoin- en retirant mes écouteurs des oreilles. Ki Sang s'assit avec la même lenteur sur le sol, et posa ses bras et sa tête sur l'accoudoir de mon fauteuil. En quelques minutes, il était passé du jeune homme arrogant à une pauvre petite bête, ce qui me fit sourire intérieurement. Décidément, ce n'était pas de veine qu'il ait également un don d'acteur, il fallait donc que je fasse très attention. C'était sans aucun doute de cette manière qu'il parvenait à berner tout le monde lorsqu'il faisait un faux pas. En tout cas, ça n'allait pas marcher avec moi.

« Dis-moi … Qu'est-ce que tu entends exactement par ''pas aussi débile que tu en as l'air'' ? Pas que je sois curieux de savoir ce que tu sais sûr moi, mais il est probable que si en fin de compte. »

Aish, il recommençait encore avec ses phrases trop bien construites, mais cette fois-ci, il était plus prudent. C'était quand même impressionnant lorsque vous aviez le don de vie et de mort entre vos mains, bien que ce ne soit pas vraiment la même chose dans ce cas-ci, mais cela y ressemblait fortement. Lorsqu'une personne est dans une situation de faiblesse, elle essaye de plaire à celle qui est dans la situation forte, et c'est ce que le jeune homme qui la fixait sans ciller, en attente d'une réponse à sa question, essayait de faire. Il se sentait en danger, mais il n'avait vraiment pas de quoi l'être. Je décidais de le faire patienter un peu, histoire de tester ses nerfs.

« Aish, on est tout de suite plus poli hein ? Ça marche pas non plus avec moi de me faire les beaux yeux. Laisse-moi lire tranquillement s'il-te-plaît.»

Je fis semblant de continuer à lire mon journal en tournant tour à tour les pages, tout en ressentant sa présence, et surtout son regard noir. Si les regards pouvaient tuer ... je ne serais sûrement plus en train de lire mon super journal. Je relevais la tête, et croisais une nouvelle fois son regard. Ki Sang était impatient. Je remarquais qu'il serrait ses poings si fort, si bien que les jointures étaient devenues blanches. J'étais méchante sur ce coup-là, mais il ne l'avait pas volé non ? Je soupirais et refermais mon magazine.

« Tu me stresses à me fixer avec ton regard noir. Tu veux savoir ? Vraiment ? Bon allez, je te le dis. Je t'ai entendu pleurer pendant la nuit quand tu étais dans le couloir. Content ?»

**Invité**

Elle changea effectivement se sujet, mais je n'étais pas décidé à rester dans l'ignorance, et je continuais de la regarder, et elle finit par me dire ce qu'il y avait et ce qu'elle savait. Et ces paroles s'enfoncèrent en moins comme des pics glacés. Pendant un instant, je m'affaissais au sol et mis ma main sur mon front. La seule pensée qui m'assaillait en ce moment était que plus j'étais ici plus je me faisait gaulé en train de me pleurer et plus j'étais en danger et ... Je repris mes esprits, me levais d'un bond léger et m'assis sur le fauteuil à côté de la fille, dont le nom devait être Myung Hee si mes souvenirs étaient bon, en la faisant se pousser - toujours égal à moi-même, même dans les situations les plus critiques - et mis ma main devant ma bouche et la regardais d'un air dubitatif. J'eus un petit rictus et haussais les épaules. Après tout, autant jouer la carte de la sincérité maintenant, j'étais fatigué, me mettre dans la peau de quelqu'un d'autre et inventer un bobard me débèquetais. Ce fut donc avec une voix un peu molassone, je dois l'avouer, que je lui demandais

-Et alors, tu sais ça ... Qu'est-ce que tu comptes faire avec ? Le dire à tout le monde ? Ce serait tellement facile. Remarque je te comprends, à ta place j'aurais fait exactement la même chose, mais il s'agit quand même de moi là …

D'une certaine manière, je me posais quand même encore des questions sur la phrase qu'elle m'avait lancée quelque secondes plus tôt. Je comprenais ce dont elle voulait parler mais le fait de pleurer – et donc d'être faible – ne pouvait décemment pas me rendre moins débile que je ne l'étais déjà, si d'aventure je l'étais, ce qui me paraissais peu probable, mais à l'entendre elle en avait l'air convaincue, et j'étais curieux d'entendre les arguments qu'elle allait me donner pour m'expliquer ce phénomène étrange qui fait que quand on se mettait à devenir une petite chose fragile et ridicule par et à pleurer – je me dégoutais moi-même, mais j'avais fini par m'habituer et c'était finalement la seule chose que j'admettais qui pouvais ébranler ma perfection, et encore, quand j'y pensais.

J'allais ouvrir la bouche quand j'entendis des pas nets dans le couloir. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris à ce moment là, mais parler du fait que je me pleurais me stressais, alors c'était un facteur à prendre en compte, mais je fus pris de panique. Si la personne arrivait et demandait ce qu'il se passait, ça n'allait pas le faire pour moi. Vraiment pas. Ce fut donc dans un élan rapide que j'attrapais Myung Hee par la nuque et plantais un baiser fougueux sur ses lèvres. Je sais ce que vous pensez, tout le monde à ma place ce concentrerai sur le baiser et blablabla, mais à vrai dire, je me fichais un peu de ça comme de ma première chemise. Ce qui m'importait vraiment, c'était la personne. J'entendis la porte s'ouvrir, puis un léger ''oups, pardon'', et enfin, la porte se refermer. C'est donc avec soulagement que je lâchais ma colocataire. Et que je me rendis compte que je m'étais peut-être mis dans un beau pétrin.

/PAN/

**Invité**

Après que j'eus lâchée ma bombe, enfin, franchement, il y avait pire, je le vis devenir aussi blême que les murs de notre résidence. Il mit sa main sur son front, comme s'il était sujet à de la fièvre. Après tout, c'était de sa faute, c'était lui qui avait voulu savoir. D'un autre côté, j'aurais pu fermer ma grande bouche, mais je n'en avais pas eu la force après avoir entendu la manière dont il s'était adressé à moi. Ki Sang se leva d'un bond, me faisant sursauter, et s'assis sur mon fauteuil, à côté de moi plus précisément. Je n'étais pas vraiment grosse, donc nos deux corps rentraient tous les deux dedans, bien que je dus me décaler un peu pour qu'il puisse s'assoir confortablement, mais je restais tout de même collée avec lui dans cet espace exiguë. Il n'aurait pas pu s'assoir sur la petite table en face, comme tout le monde ? Après tout, je ne le connaissais même pas vraiment. Il me fixa à nouveau pendant quelques secondes, avec des yeux à partir desquels je pouvais deviner qu'il cherchait un plan pour se sortir de cette situation. S'il n'avait pas été aussi arrogant et aussi faux par moment, je l'aurais assuré que personne ne saurait rien sur ses pleurs nocturnes. Mais là, curieusement je n'en avais pas la moindre envie. Il devait se rendre compte par lui-même que tout le monde n'était pas dupe. Le jeune homme haussa les épaules et parla d'une voix assez faible par rapport au début de leur conversation.

« Et alors, tu sais ça ... Qu'est-ce que tu comptes faire avec ? Le dire à tout le monde ? Ce serait tellement facile. Remarque je te comprends, à ta place j'aurais fait exactement la même chose, mais il s'agit quand même de moi là …»

Il aurait tout balancé si ça avait été une autre personne, en l'occurrence moi ? Ki Sang était vraiment mauvais en surface. Pour pouvoir le remettre sur le droit chemin - si je ne me décourageais pas en cours de route -, il me faudrait beaucoup de temps et beaucoup d'efforts, bien que cela ne soit pas impossible - je l'espérais -. De toute façon, si il pleurait, cela signifiait qu'il avait, soit de gros problèmes, soit une enfance difficile et donc de gros problèmes aussi. Je m'apprêtais à lui répondre, lorsque je le vis tourner la tête en direction de la porte qui donnait sur le salon. J'entendis des pas, mais cela ne me fit ni chaud ni froid, après tout, nous n'étions pas seuls dans la résidence, nous étions six en tout, et il n'y avait aucune interdiction dans les zones communes. J'eus à peine le temps de remarquer qu'il avait déjà tourné la tête, qu'il attrapait ma nuque avec ses mains, et collait ses lèvres aux miennes. Je n'eus vraiment pas le temps de réagir, et même tandis que nous nous embrassions, je n'eus même pas la force de me défaire de son emprise, n'étant qu'une fille par rapport au danseur musclé qui se tenait devant moi. J'entendis la porte s'ouvrir, ainsi qu'un « oups pardon » avant que la personne qui se baladait dans les couloirs claque la porte. A ce son, Ki Sang me lâcha enfin. Cette ordure-abruti-impécile-que-je-ne-pouvais-que-détester-maintenant venait de me voler mon premier baiser. Et oui, c'était mon premier baiser. Et je ne l'avais franchement pas imaginé de cette manière. Beaucoup plus romantique, et avec un garçon que j'aurais apprécié et appris à connaître un minimum. Peut-être que pour lui c'était un baiser de routine, mais ça ne l'était sûrement pas pour moi.

Je me levais brusquement du fauteuil pour ne plus avoir à le toucher. Première réaction puérile : je crachais par-terre et m'essuyais ma bouche du revers de ma main. Deuxième réaction puérile : coup de pied dans le tibia pour qu'il puisse ressentir une douleur à devenir fou, suivi d'une claque. Franchement, il ne l'avait pas volé. Vraiment pas.

« YAAH ! Mais t'es vraiment con ma parole !!! Qu'est-ce qui t'as pris de faire ça ? J'y crois pas ! Non mais franchement, tu te prends pour qui ? Si t'avais les chocottes que quelqu'un nous voit, fallait simplement que tu t'asseyes autre part. Tu te rends compte de ce que t'as fait ?»

Je lui jetais mon pauvre journal qui avait déjà souffert à la figure et serrais mes poings pour ne pas le frapper une nouvelle fois. Mes ongles s'enfonçaient tellement dans ma chair que je ne sentais plus qu'une douleur uniforme au niveau de celles-ci. Je soufflais une ou deux fois pour me calmer, puis repris, toujours en criant à pleine voix, pour que ça rentre dans sa petite cervelle de moineaux.

« Tu crois vraiment que j'allais raconter ton p*tain de secret à tout le monde ? Mais qu'est-ce que j'en ai à faire, que tu chiales la nuit et que tu fasses le con à longueur de journée en jouant l'hypocrite devant tout le monde ! Je trouve juste triste que tu te pourrisses ton existence comme ça. »

Je fulminais. Encore une connerie de ce genre, et j'allais vraiment le réduire en pièce.

**Invité**

Sérieusement ? Je ne m'attendais pas à ce qu'elle le prenne comme ça. Elle n'en serait peut-être pas sortie émerveillée, et sûrement même un peu fâchée, mais je n'imaginais pas qu'elle serait aussi en colère et qu'elle me frapperait furieusement comme elle l'avait fait.

-YAAH ! Mais t'es vraiment con ma parole !!! Qu'est-ce qui t'as pris de faire ça ? J'y crois pas ! Non mais franchement, tu te prends pour qui ? Si t'avais les chocottes que quelqu'un nous voit, fallait simplement que tu t'asseyes autre part. Tu te rends compte de ce que t'as fait ?

Ce que j'avais fait ? Mah, c'était si grave que ça ? Sérieusement, ce n'était qu'un baiser, pas de quoi en faire tout un plat, j'avais déjà fait bien pire – mais c'est une autre histoire – et elle n'avait pas à s'énerver pour autant. De plus, ce n'était pas que je n'adorais pas me faire taper dessus par une fille enragée – mon pauvre tibia, je suis danseur moi … - mais ce serait tout aussi bien si elle pouvait éviter de le refaire à l'avenir. Histoire que je n'ai pas trop de bleu. Ahaha. Et bing, je me pris son journal dans la tête. Bon, les So Nyeo Shi Dae devaient être dans un piètre état à l'heure qu'il était, mais bon, elles avaient qu'à pas être en couverture de ce magazine, hein … Si elles se plaignaient, elles pouvaient me laisser la place. Ça ne me dérangerai aucunement.

-Tu crois vraiment que j'allais raconter ton p*tain de secret à tout le monde ? Mais qu'est-ce que j'en ai à faire, que tu chiales la nuit et que tu fasses le con à longueur de journée en jouant l'hypocrite devant tout le monde ! Je trouve juste triste que tu te pourrisses ton existence comme ça.

Bon d'accord, ou la nénette avait pris un truc avant d'arriver, ou c'était moi qui délirais. Nan, sérieux, me pourrir l'existence ? Moi ? Mais elle déconnait j'espère ? Moi, j'étais parfaitement heureux, moi j'avais une vie géniale, moi j'étais doué, moi j'étais en train de pleurer, moi je … Hein ? De quoi ? C'était quoi ces larmes qui coulaient sur mon visage ? Non, ce devait sûrement être la douleur. Même si je savais que c'était autre chose. Peut-être que le fait de me cracher au visage – enfin, de m'exposer clairement – ma situation actuelle avait déclenché ça, mais il fallait absolument que ça s'arrête. Je fis un effort pour fermer les yeux. J'étais vraiment un pleurnichard, et ça me faisait littéralement gerbé. Je fis un effort et me relevais et baissait les yeux, serrais les poings et détournait mon regard sur la droit. Je voyais mes larmes gouter le long de mes joues sur le sol et j'avais envie de partir en courant, mais je me retenais. Ça aurait été montrer que j'étais faible.

-Désolé.

Ça alors, je n'en revenais pas. C'était vraiment moi qui venait de dire cette phrase ? Je fis une horrible grimace.

-Je suis désolé pour le baiser, désolé de l'avoir pris comme ça, désolé d'être comme je suis, désolé d'avoir pris ton magazine, et merde !

Lui criais-je au visage.

**Invité**

Avais-je été trop dure avec lui ? De toute façon, c'était de sa faute. Je détestais quand on me parlait mal. Et vu que je voulais éviter de trop l'insulter, j'avais contenu tout ce que je voulais lui crier comme méchanceté à la figure, et après le baiser ... J'avais tout simplement explosé. Je ne pouvais vraiment pas me contenir dans cette situation-là. Qu'est-ce que j'aurais pu faire d'autre ? Casser la table basse avec mon coup de pied ? C'était plutôt son tibia que j'avais eu envie de casser sur le moment. Mais me voler mon premier baiser .... Bref. Je vis le visage du jeune homme devant moi se décomposer au fur et à mesure que les secondes passaient. Un éclair de douleur passa sur son visage, et je remarquais des gouttes se former au niveau de ses yeux, puis des torrents de larmes se déversèrent. Je me sentis légèrement coupable de l'avoir mis dans cet état. Rien qu'un peu. Bon, un peu plus. J'avais l'impression de me retrouver en maternelle, lorsque des enfants jouaient ensemble, et que l'un d'eux pleurait parce que l'autre lui avait pris son jouet. Sauf que dans le cas présent, c'était tout simplement que j'avais sorti la vérité à Ki Sang, et ça ne lui avait sûrement pas plus, et peut-être blessé. Comme on dit, il n'y a que la vérité qui blesse. Je le vis fermer les yeux, puis détourner son regard, tandis que ses larmes continuaient de couler sur ses joues. Alors que mes poings se relâchaient au fur et à mesure que son flot de larme se déversait, les siens au contraire se resserraient. J'entendis alors un vague « Désolé» sortant de la bouche Ki Sang, alors qu'il se détournait encore et toujours. Une grimace se dessina sur son visage. Il n'avait sûrement pas l'habitude de dire des choses comme ça. D'un geste brusque, il tourna sa tête, et plongea son regard embrumé dans le mien avant de commencer à hurler.

« Je suis désolé pour le baiser, désolé de l'avoir pris comme ça, désolé d'être comme je suis, désolé d'avoir pris ton magazine, et merde !»

Une vague de remord s'empara de moi, et j'eus une soudaine envie de le prendre dans mes bras pour le rassurer. Après tout, il n'était qu'une pauvre petite chose qui avait un peu perdu son chemin. Mais après le baiser qu'il m'avait donné, je ne me voyais pas vraiment le serrer contre moi. A vrai dire, cette idée me donnait la chaire de poule, et je pus sentir la chaleur envahir mes joues. Je me mordis la lèvre inconsciemment, ce que je faisais généralement lorsque j'étais gênée.

« La seule chose pour laquelle tu devrais t'excuser, c'est pour avoir oser voler mon premier baiser. Tu sais que toutes les filles en rêvent ? »

Je fis une pause, pour le laisser digérer ce que je venais de dire, avant de poser une main compatissante sur son épaule, et un léger sourire aux lèvres.

« Je ne sais pas ce qui s'est passé dans ta vie pour que tu deviennes comme ça, mais arrête de te détruire comme ça. Est-ce que t'arrive à vivre normalement de cette manière ? Franchement à ta place, j'en aurais déjà eu marre depuis longtemps.»

Je ne voulais pas lui faire la morale, simplement le mettre en garde. Si il continuait comme ça, le pauvre jeune homme qui se tenait debout devant moi, le visage baigné de larmes, allait finir sa vie tout seul. Je ne pouvais pas le voir devenir comme ça, c'était dans ma nature. Peut-être cela venait-il du fait que je n'avais moi-même rien fait pour sauver ma mère de la folie ? Pendant une seconde, la tristesse m'envahit en pensant à elle, mais je me repris très rapidement. En tout cas, je retirais ma main de son épaule, tout en gardant cette fois-ci une expression sereine. Je tripotais un peu mes nattes, avant de reprendre.

« Désolé de t'avoir donné un coup de pied. Mais tu l'as vraiment mérité.»

**Invité**

Je vis Myung Hee rougir légèrement. Tiens tiens, je lui avais quand même fait de l'effet alors ? Bon, ce n'était pas vraiment ce qui me préoccupais le plus à cet instant là, et faire taire mes larmes me paraissais impossible à faire tant elles coulaient sans tarir sur mes joues, dans mon cou, passant parfois sur mes lèvres. N'empêche, j'eus la pensée que je devais être effroyablement beau, avec toute cette eau qui me dégoulinait du visage. Hum, je sais bien que je ne suis pas sensé penser à ça là, mais à chaque fois que j'essayais de me re-concentrer sur quelque chose d'autre, cette image m'envahit la tête, et pour la première fois de ma vie je me dis que je m'aimais peut-être un peu trop. Juste un tout petit peu. Vous ne voudriez pas non plus que j'arrête de me mettre au dessus des autres. Nan mais ho, y a des limites tout de même.

-La seule chose pour laquelle tu devrais t'excuser, c'est pour avoir oser voler mon premier baiser. Tu sais que toutes les filles en rêvent ?

Rho, sérieusement, ça pourrait être pire. Elle aurait pu tomber sur un mec, je sais pas moi … Qui embrasse mal, qui a des bagues, qui a mauvaise haleine, des boutons d'acné, des mycoses au pieds, des lunettes, moche, pas intéressant – bon, je suppose que de son point de vu je ne le suis pas, mais c'est son point de vu. Bref, ça avait été moi, et ça ne lui avait pas plu, mais ça aurait tout aussi bien pu être quelqu'un d'autre, qui lui aurait encore moins plu. Donc, qu'elle se réjouisse un peu, ce n'était qu'un baiser que diable – je dis ça, mais je continue de pleurer – et elle pouvait garder autre chose pour quelqu'un qu'elle aimerait. Cqfd.

Elle me posa une main qui se voulait compatissante sur l'épaule, et mes larmes cessèrent automatiquement. Eh bien, voilà que quand on me rassurait, je m'arrêtais de pleurer. Qu'est-ce que j'avais moi aujourd'hui ? J'étais malade ? Myung Hee me fit un joli sourire – notez le joli, compliment inhabituel de ma part – que je pris d'un air dubitatif. Une fois elle m'envoyait un coup dans le tibia, l'autre elle me posait une main réconfortante sur l'épaule. Il faudrait qu'elle revoit ses positions dans l'affaire, ou carrément qu'elle les voit.

-Je ne sais pas ce qui s'est passé dans ta vie pour que tu deviennes comme ça, mais arrête de te détruire comme ça. Est-ce que t'arrive à vivre normalement de cette manière ? Franchement à ta place, j'en aurais déjà eu marre depuis longtemps.

Me détruire ? Ce qui m'est arrivé dans la vie ? Pour devenir comme ça ? Marre depuis longtemps ? Mais, n'importe quoi. Le seul problème que j'ai eu c'est un sérieux manque d'affection dans mon enfance. Et une certaine habitude de se faire haïr par la gente masculine, ainsi que par les filles qui avaient plus de trente de quotient intellectuel. Et peut-être que oui, j'en avais marre de pleurer, mais à part ça, je ne voyais absolument rien. Et mince, je venais d'énoncer exactement ce qu'elle venait de me lister, mais faisons donc comme si de rien n'était.

-Désolé de t'avoir donné un coup de pied. Mais tu l'as vraiment mérité.

En fait, la douleur, aussi forte était-elle avait vite disparu, et je ne sentais presque plus rien, par contre ma joue fourmillait encore et je ne doutais pas que je devais avoir une jolie marque à la place de ma peau laiteuse habituelle. Je haussais les épaules devant mon interlocutrice.

-T'inquiète, le tibia c'était rien, mais pour la claque, je sens que je vais être obligé de m'enfermer dans ma chambre pour le reste de la soirée sinon tout le monde pourra admirer la belle trace de ta main sur ma joue.

Fis-je en frottant le côté où elle m'avait frappé.

**Invité**

Ma dernière phrase était légèrement contradictoire, puisque je lui disais que j'étais désolée et qu'en même temps il l'avait bien mérité : en faite, j'étais désolé d'en être arrivée là, et que c'était vraiment de sa faute si il avait dû subir mes multiples attaques. Ce qui m'avait légèrement rassuré, c'était que ses larmes avaient cessées lorsque j'avais tenté de le réconforter - bien que d'une manière maladroite -. Si il avait continuer à pleurer comme une madeleine, je n'aurais vraiment pas su me débrouiller : il ne m'était jamais arriver de réconforter quelqu'un, d'une part, parce que c'est toujours moi qu'on réconfortait, et d'autre part, peu de personne arrivait réellement à passer la barrière que je m'étais crée, et donc, je n'étais pas aussi proche des personnes pour les réconforter, et vice-versa. Pourtant, concernant Ki Sang, c'était la première fois de ma vie que je lui parlais, et cette barrière n'avait pas vraiment tenu face à ses larmes. C'était peut-être une faille dans ce mur que je m'étais érigée voilà bien longtemps, et il fallait que je modifie sa construction, pour le renforcer, ce qui allait me demander beaucoup d'effort. Depuis environ mes dix ans, je détestais montrer une part trop gentille de moi-même, de peur qu'on ne me blessa comme cela avait été le cas. Bref. Le jeune homme releva la tête dans ma direction.

« T'inquiète, le tibia c'était rien, mais pour la claque, je sens que je vais être obligé de m'enfermer dans ma chambre pour le reste de la soirée sinon tout le monde pourra admirer la belle trace de ta main sur ma joue.»

Je ne pus m'empêcher de rigoler, d'un rire cristallin, qui m'emplit pendant un moment de bonheur, mais qui se dissipa tout aussi rapidement. Ce qui venait de se produire avait-il un quelconque effet sur moi ? Ou bien était-ce simplement le calme après la tempête ? Cela me perturbait légèrement, mais je n'y fis pas attention, pour le moment.

« Je t'ai déjà dit que tu as mérité tout ce que je t'ai fait subir.»

Avec un grand sourire, je m'approchais légèrement de lui, de manière à pouvoir l'atteindre facilement. Je le vis s'écarter un peu, mais cette fois-ci, il n'avait vraiment rien à craindre et je le rassurais d'un regard. Je levais ma main à la hauteur de son visage, doucement, de manière à ce qu'il ne croit pas que je voulais le frapper, et frottais sa joue, pour dissiper la trace rouge facilement identifiable comme étant ma main. Cela ne dura que quelques secondes, puis, je retirais ma main et me reculais pour que lui ne m'atteigne pas, puisque le souvenir du baiser était encore ancré dans ma mémoire, et ne voulait vraiment pas s'effacer malgré mes efforts.

« C'est tout ce que je peux faire pour toi !»

Tu ne mérites pas de bisou magique, voulais-je ajouter, mais après il allait commencé à se faire des idées, donc, il valait mieux éviter d'user d'ironie dans la situation actuelle. Peut-être que cela n'avait aucune conséquance sur son comportement à lui, et qu'il avait déjà embrassé des tonnes de filles, mais de mon côté, je n'allais pas l'oublier de si tôt, même si je m'y employais déjà le plus ardemment possible. Je me souvins alors que nous ne nous étions même pas correctement présentés, erreur que je rectifiais immédiatement.

« Au faite, mon nom est Yoon Myung Hee.»

Je connaissais son nom, puisque j'avais eu la bonne idée de regarder la liste affichée à l'entrée, et les photos qui y étaient associées, mais peut-être que Ki Sang n'avait pas eu le bon sens ou l'intelligence de faire la même chose. Ou peut-être tout simplement qu'il se fichait carrément des personnes qui vivaient avec lui. Ce devait plutôt être la troisième solution, vu le caractère qu'elle avait pu observer durant leur courte entrevue.

**Invité**

Myung Hee éclata de rire, un très joli rire, bien trop beau à mon goût en fait. Je grimaçais. Je n'étais pas sensé penser ça des gens. Je n'étais même pas sensé les faire rire. Pourquoi elle riait d'abord ? Et puis pourquoi j'étais aussi heureux qu'elle rit de cette manière ? En théorie, je ne devrais être heureux pour personne, faire rire personne, ne pleurer devant personne, ne m'excuser devant personne. Je devais être malade aujourd'hui, parce que sérieusement … Oh, oui. Je sentais mon cœur battre vite dans ma poitrine. Je devais avoir de la tension. Non, ne me contredisez pas, n'allez pas me dire que je suis amoureux parce que ce n'est tout simplement pas possible. Laissez moi me faire des illusions. Encore dix secondes … neuf … huit … sept … six … cinq …. quatre … trois … deux … merde merde merde. Là sur le coup, je me prenais au dépourvu – c'est dingue, même dans les moments les plus critiques, je m'admire pour mon sens de la surprise. Uhu. En plus je l'avais embrassée. Pourquoi j'avais fait ça ? Bon, je savais pourquoi je l'avais fait … Mais quel con. Maintenant, elle me détestait. Quoique … elle était pas en train de rire là ? Attendez. Cette conversation avec moi-même ne devrait pas exister. Bien sûr qu'elle ne pourrait pas résister. Mais elle m'a donné une baffe … Ça veut dire qu'elle me déteste. Bon, j'avais déjà un bon point, c'était que on était dans la même résidence. … J'étais déjà en train de penser à un plan de DRAGUE ? Mais j'avais cracké ou quoi ? C'était tout simplement impossible, je tenais à ma liberté. Donc je l'oublie. Aller Kiki, demain ça ira mieux. Kiki … quel surnom débile.

Sauf qu'elle n'avait pas l'air de se rendre compte de ce que je venais de me prendre au cœur, et elle s'approcha de moi en souriant – enlève ce sourire de tes lèvres ! -, puis posa sa main sur ma joue, et la frotta délicatement. Hein ? Sérieusement, elle avait vraiment envie de me tuer ? Non, j'allais finir par me faire des idées, mais c'était horrible … Je sentais que notre deuxième contacte main + joue allait être bien plus mémorable pour moi que le premier. Quoique, le premier n'avait pas été sans douleur. Elle retira tout d'un coup sa main et se recula. Non, mais qu'est-ce qu'elle croyait ? Je n'allais pas me jeter sur elle et l'embrasser sauvagement, comme ça, d'un seul coup. Est-ce que c'était mon genre ? Bon. C'était ce que j'avais fait il y a à peine trois minutes, mais bon, il ne faut pas juger les gens à la première impression.

Myung Hee me dit qu'elle s'appelait comme ça, même si je le savais déjà. Pas que je me sois intéressé de près aux noms et visages de mes colocataires, mais j'avais une bonne mémoire visuelle, et j'avais tout de même jeté un œil au panneau qu'arborait fièrement notre bâtiment.

-Oui, je le savais déjà. Tu sais, le panneau sur la … En fin, moi c'est Park Ki Sang, si tu as vu le panneau.

Il y eu un long silence. Avec quelqu'un d'autre, je ne pense pas que j'aurais cherché à poursuivre la conversation mais comme vous le savez déjà, nous étions dans des circonstances différentes.

-Hum, tu es dans quelle section ?

J'eus la mauvaise idée de la regarder dans les yeux alors que je lui posait la question, et je me sentis fondre de l'intérieur, je détournais donc rapidement le regard.

Myung Hee, tu es cruelle.

**Invité**

« Oui, je le savais déjà. Tu sais, le panneau sur la … En fin, moi c'est Park Ki Sang, si tu as vu le panneau. »

J'acquiesçais, de manière à lui faire savoir que oui, elle savait bien qui il était, et que oui, elle avait bien regardé le panneau situé à l'entrée. Ki Sang me dit tout cela d'une voix calme, si bien que je ne savais pas très bien si il était sincère, ou si il était en train de jouer la comédie. Normal, il avait perturbé mes radars quelques minutes plus tôt, et seule une nuit de sommeil me permettrait de remettre les pendules à l'heure. Ainsi donc, il connaissait déjà mon nom ? Je devais vraiment le sous-estimer. Il ne me fallait pas faire la même erreur une seconde fois. Il n'était pas vraiment pas comme débile, comme je l'avais affirmé plus tôt. Simplement un peu perdu. Mais franchement, c'était quoi cette manie chez moi qui venait d'apparaître ? Pourquoi est-ce que je me mettais à vouloir sauver des personnes ? Quand est-ce que au juste, j'étais devenue une personne altruiste ? Au dernière nouvelle, je devais me méfier de tout le monde, particulièrement des énergumènes du genre de celui qui était devant moi. Mais non, je venais de me mettre en tête de le remettre dans le droit chemin, et lorsque je me fixais un but, je n'y dérogeais jamais, sauf circonstances extrêmes. Je voulais le voir devenir sincère tout le temps, et pas seulement à de rares occasions, et qu'il évite de jouer avec les sentiments des gens. Comme il était en train de le faire avec moi en faite. Aish, j'allais vraiment devenir folle : de l'aide n'aurait vraiment pas été de refus. Durant tout ce temps où je m'étais accordée à réfléchir sur mon cas devenu totalement désespéré, aucune parole n'avait été prononcée, et un lourd silence pesait dans la pièce. En même temps, nous étions passé d'un extrême à l'autre, alors c'était quand même normal dans cette situation. Peut-être pensait-il que je le détestais déjà ? Si c'était bien le cas, alors c'était normal qu'il ne veuille pas me parler. Ce fut à cet instant que j'entendis sa voix.

« Hum, tu es dans quelle section ?»

Alors qu'il me posait cette question, je relevais ma tête et croisais le regard de Ki Sang. J'observais qu'il avait de très jolis yeux, mais je me sortis rapidement cette idée de la tête, lorsque son visage se colora. C'était à peine visible, mais on aurait dit qu'il avait rougi. Bizarre. Suite à cette question, j'en déduisais qu'il n'avait pas très bien observé le panneau, puisque les spécialités étaient marquées dessus. Et il ne m'avait donc pas aperçu en cours. Par contre, moi, j'avais eu vent de quelques rumeurs le concernant, comme quoi ce-mec-était-trop-canon, et qu'il-fallait-absolument-le-voir-pour-le-croire. Bien, je l'avais vu. C'était vrai qu'il avait un beau physique, une coupe de cheveux ... heu ... à la mode (?), et qu'il était plus grand que moi. Et plus fort aussi, puisque j'avais eu un avant-goût au moment où il m'avait empoigné. Argg, il fallait que j'arrête de penser à ce moment. Mais c'était plus fort que moi. Je lui fis un sourire avant de lui répondre.

« Danse. Dans la même section que toi, et dans la même classe aussi.»

Je m'assis finalement sur le fauteuil que j'occupais plus tôt, puisque nous n'allions pas rester debout toute la nuit, j'étais fatiguée après tant d'émotion moi ! Et vu qu'il était debout, j'eus le loisir d'occuper tout le fauteuil, sans en laisser une miette cette fois-ci. Peur ? Moi ? Non. Prudente, le mot serait plus approprié.

« Mais apparemment, tu ne m'as même pas remarqué. Je ne t'en veux pas, de toute façon on vient juste d'arriver ici, donc c'est un peu dur de tout connaître en si peu de temps !»

En faite, il n'y avait que moi qui y arrivait.

**Invité**

La jeune fille me sourit. J'ai peine à le dire, mais je préférais largement ça que quand elle pleurait. Oui, quoi qu'on en dise, sur le coup j'étais content de la voire sourire et sourit à mon tour, dans un accès de faiblesse. Oh my gosh. J'allais vraiment mal. Je notais au fond de moi même qu'il fallait que je prenne ma température. Bon, peut-être que j'étais un peu réfractaire à l'idée de tomber amoureux … Mais c'était compréhensible. Non ? Bien sûr que si. Je hochais la tête d'un air convaincu, avant de me rendre compte de ce que je faisais. Elle allait vraiment me prendre pour un type bizarre. Il est vrai que je m'aimais un peu plus que la moyenne des gens, et que j'avais tendance à pleurer le soir dans mon lit, mais ça n'en faisait pas de moi un psychopathe qui hoche la tête comme un malade pour un oui ou pour un non. Nan mais ho.

-Danse. Dans la même section que toi, et dans la même classe aussi.

Ah, bon ? C'était intéressant ça. Non, que quelqu'un me baffe … Je n'étais pas sensé penser de cette manière. N'empêche. Déjà qu'on habitait dans la même résidence, si en plus on était dans la même classe … Il fallait absolument que j'aille étudier ce fichu panneau, histoire de vérifier quels étaient nos matières communes. D'un côté j'avais bien envie d'être avec elle de temps en temps … De l'autre côté je me faisait tellement peur tout seul que ce je n'étais pas à la limite de demander un changement de résidence. Non, tout de même pas … Je crois que je vais devenir dépendant. C'est mauvais pour ma peau tout ça. Uhu.

-Ah cool. Je veux dire, d'accord, je ne savais pas.

Bon, comment passer pour un imbécile en une phrase. A moins que je ne le sois déjà dans son esprit, ce qui était fort probable, donc maintenant, c'était encore pire. Argh. Depuis quand je me faisais ce genre de réflexion, moi ? … C'était quoi le mot qu'elle avait utilisé il y a dix minutes ? Débile ? … C'était vraiment la vérité ? Elle alla s'asseoir dans le même fauteuil où je l'avais … enfin, vous voyez quoi. Non. Je me relâchais. Oublier allait être mon mot d'ordre du jour. De la semaine. Du mois. Mince.

-Mais apparemment, tu ne m'as même pas remarqué. Je ne t'en veux pas, de toute façon on vient juste d'arriver ici, donc c'est un peu dur de tout connaître en si peu de temps !

Oui, c'était vrai que je ne l'avais pas remarquée. Et maintenant, je m'en voulais horriblement. De toute façons, je n'avais remarqué personne, mais je me promis de regarder un peu plus les autres, demain. Histoire de me méfier un petit peu plus. Et puis … J'étais en danger sur le coup, je sentais que si je restais avec ma ''bande habituelle'' qui consistait en une horde de fille, je n'étais pas vraiment sûr de pouvoir lui parler tranquillement une autre fois dans ma vie.

-Dis … tu trouves que je suis vraiment … débile ?

**Invité**

« Ah cool. Je veux dire, d'accord, je ne savais pas.»

Qu'étais-donc ce bafouillage que je venais d'entendre de la bouche du prince lui-même ? Enfin, déjà, il fallait que j'arrête de le qualifier de prince. Ça ne m'aidait franchement pas de l'appeler ou plutôt de penser à lui de cette manière. Ki Sang. Simplement Ki Sang. Un jeune homme qui partageait ma spécialité, ma résidence, et rien de plus. Ce qui venait de se passer ne signifiait rien à mes yeux. C'était juste mon premier baiser, ce n'était pas la mort. Vraiment pas. Ensuite, bafouillage. Aish, ça m'énervait. Est-ce qu'il jouait encore un rôle ? Le rôle d'une personne qu'il voulait adoucir avec ses beaux ... non simplement avec ses yeux ? Il fallait beaucoup plus que ça pour me convaincre de la sincérité de ses propos. En effet, bien que je ne l'aie pas vraiment montré depuis le début de notre entrevue, et même si la personne qui se tenait près de moi attirait ma gentillesse, je restais tout de même méfiante. Et ce n'était pas un petit coup de bluff qui allait l'enlever. Je réfléchissais tellement, que je me mis à jouer avec une mèche de mes cheveux qui pendait devant mes yeux, tandis que, de nouveau le silence se fit maître de la pièce. Pas pour très longtemps. Ki Sang continua sur sa lancée.

« Dis … tu trouves que je suis vraiment … débile ?»

Cette question me prit au dépourvue, si bien que je manquais de m'étouffer avec ma propre salive. J'aurais dû aller directement me coucher dans mon lit. Quelle mouche m'avait piqué de descendre dans le salon prendre mon journal ? Mais maintenant j'étais là, et je me devais de répondre à cette question, de manière à ne pas le froisser d'un côté, et d'un autre côté, pour ne pas laisser la fatigue me submerger et raconter quelque chose d'incohérent. Je ne le connaissais pas encore assez pour me prononcer sur son cas. C'était la première fois que je lui parlais, et je savais seulement qu'il lui arrivait d'être sincère dans ses grands moments de faiblesse, et qu'il y avait quelque chose ou quelqu'un dans son passé qui l'avait rendu aussi invivable. Aussi, je m'étais donné pour mission de sauver Ki Sang. Que devais-je lui répondre ? Je relevais mes yeux vers mon interlocuteur, et lâchai un soupir avant de prendre la parole.

« Si tu l'es ? Et ben, je te connais pas encore assez pour te juger. Je sais seulement que tu te comportes comme un débile.»

Puis, je lui jetais un regard de défi avec un petit sourire en coin avant de continuer. Une petite idée venait de surgir dans ma tête, dans le but que cette rencontre avec lui ne devienne pas la dernière.

« Essaye de me prouver le contraire si t'en es capable !»

Après ma petite phrase de défi, un climat de tension régna dans le salon, avant que j'éclate de rire pour détendre l'atmosphère. Bien sûre, je voulais qu'il me le prouva d'une manière sincère, et pas en jouant un rôle, mais je m'abstins de ces derniers détails. A partir de cela, deux solutions s'offraient à lui : soit, en essayant de me prouver sa non-débilité, il arrivait à revenir sur le droit chemin, et, je n'aurais alors plus aucune obligation envers lui. Soit il faisait le con avec une mauvaise foi sans pareil, et sans quoi, je le jetterais sans regret dans la fosse aux lions. J'étais peut-être folle, mais pas à ce point-là. J'étais une personne déterminée, mais c'est surtout lorsqu'il s'agissait de ma personne que je me mettais en tête de ne jamais abandonner. Mais il s'agissait de Ki Sang, elle n'allait pas le supporter si il la faisait tourner en bourrique.

« Ne fais pas cette tête, je rigole ! Pas besoin de me prouver quoique ce soit.»

Que tu crois. Ce n'était qu'à ce prix qu'il parviendrait peut-être à gagner ma confiance. Me montrer sa vrai personnalité et pas une pâle copie par-ci par-là.

**Invité**

Je ne pu réprimer un sourire – aucunement méchante, à mon grand désespoir – lorsque je la vis s'étouffer toute seule, suite à ma question. A vrai dire, je m'étais surpris tout seul à lui demander ça. Bien sûr que non, je ne l'étais pas … N'est-ce pas ? N'empêche, si elle disait oui, j'allais en prendre un coup. Un très gros coup. Déjà que tout à l'heure, elle m'avait balancer pas mal de choses à la figure … Elle allait sûrement pouvoir m'achever. Le pire, c'est que c'était moi qui avait donné le bâton pour me faire battre. Ce n'était pourtant pas – loin de là, merci bien – mon genre de faire ce genre de gaffe. D'habitude, c'était contre les autres que se retournait leurs propres phrases. Et pas contre moi. Moi, je suis toujours parfait. Moi je … bon. Je devais arrêter de penser à moi d'une telle manière. Si je voulais lui montrer que je pouvais être digne d'attention, je devais penser différemment. Tout d'abord, me montrer attentif. Je tapotais son dos avec ma main.

-Eh, ça va ? Ne t'étouffe pas pour ça.

Elle releva les yeux vers moi et soupira. D'accord, j'avais posé une question débile, donc j'étais débile. Pas besoin de me rabaisser, mais maintenant c'était trop tard. Je retins mon souffle. Pas que j'attendais quoi que ce soit de géniale. Je me doutais bien qu'après ce que j'avais fait il y a quelque instants, je ne pouvais décemment par être placé très haut dans son estime. Même si de mon côté, elle avait déjà bien franchit la ligne d'estime que je pensais pouvoir un jour attribuer à quelqu'un.

-Si tu l'es ? Et ben, je te connais pas encore assez pour te juger. Je sais seulement que tu te comportes comme un débile.

Hein ? Si c'était pour répondre comme ça … Quoique, le petit regard de défi qu'elle me lança tout de suite après me motiva et j'attendis la suite, impatient de connaître le pourquoi et le comment de l'affichage de ce sourire sur son visage, qui entre nous lui allait à ravir.

-Essaye de me prouver le contraire si t'en es capable !

Il y eu un long silence dans la salle. Je toisais la jeune femme d'un œil perçant, essayant de sonder à grande peine ce dont elle voulait parler, et ce qui pouvait lui passer par la tête en ce moment. Un défi ? Intéressant. J'adorais les défis. Et ce n'était pas la première fois que on m'en lançais un. Malheureusement, ce n'était pas la même chose que d'habitude. Les enjeux était différents, et même si mon cœur me dictait de partir tête baissée, ma raison me hurlait fortement que je risquais de ne plus pouvoir en revenir. Quitte à ressentir la douleur du rejet pour toujours. Ce que je n'avais pas prévu. C'est moi qui est sensé rejeter, je vous rappelle.

-Ne fais pas cette tête, je rigole ! Pas besoin de me prouver quoique ce soit.

Ah oui ? Eh bien, pas moi. Je souris, essayant de prendre de l'assurance, mais je sentais ma détermination vaciller. Que se passerait-il si je perdais ? Tout allait redevenir comme d'habitude. Le problème, c'était que ces quelques minutes passées en compagnie de Myung Hee avait complètement bouleversé ma vision des choses de la vie. Et oublier … Je ne savais même pas si j'en avais la capacité mentale. Je la regardais dans les yeux.

-Je ne sais pas … Tout ce que tu me dis me fait peur.

Je sentis la fatigue me prendre et je posais ma main sur ma tempe et grimaçait. Il était temps d'aller se coucher. Je m'approchais de mon interlocutrice, le regard fuyant.

-Je suis fatigué, je vais aller me coucher. Bonne nuit.

Et cédant à une pulsion idiote, je me penchais sur elle en embrassait délicatement sa joue, puis me retirait vivement et me protégeait le visage avec mes mains. Maintenant, je prenais mes précautions.

**Invité**

Après mon petit défi masqué, je pus observer son regard se remplir successivement de détermination, signe qu'il ne prenait pas ma blague-qui-n'en-était-en-faite-pas-une à la légère, puis, une lueur de doute recouvrit ses yeux. Je ne pouvais que faire des suppositions sur ses pensées dans ce cas-là : peut-être avait-il peur que me convaincre signifiait renoncer à la manière dont il avait vécu jusqu'à maintenant, c'est-à-dire en jouant un rôle permanent et en subir les conséquences lors de moments de faiblesse. Et maintenant, il ne lui restait plus qu'à faire ce choix. Mais je n'en espérais pas trop de lui pour l'instant. Ma rencontre avec lui avait été quelque peu inhabituelle, et peut-être avais-je réussi d'une certaine manière à modifier son mode de pensées. Ou peut-être pas, et il userait de la première occasion qu'il aurait de raconter à tout le monde qu'il avait réussi à m'embrasser. Si il faisait ça, je serais contrainte de révéler à mon tour son petit secret, qui pourrait lui nuire beaucoup plus que celui qu'il détenait sur moi. C'était aussi pour cette raison que Ki Sang ne prendra pas de risque et ne révèlera rien. Il plongea son regard dans le mien, et je pus voir distinctement plusieurs sortes d'émotions le submerger, sans pouvoir déterminer lesquelles, car c'était beaucoup trop confus, et j'étais aussi trop fatiguée pour jouer à des devinettes pareilles.

« Je ne sais pas … Tout ce que tu me dis me fait peur.»

Lui faire peur ? Peur de l'inconnu ou d'affronter les démons du passé ? Peut-être un peu des deux. Je ne répondis rien, consciente que je pouvais pas faire grand chose de plus. Tout était de son ressort. Je le vis poser sa main sur sa tempe et grimacer, signe qu'il était fatigué. Quant à moi, je n'arrivais pas à être fatigué pour l'instant. Tellement d'événements se bousculaient dans ma tête et cela faisait chauffer ma tête à un tel point qu'il me faudrait plus que quelques minutes pour me calmer. Je le vis s'approcher dangereusement de moi, une nouvelle fois. Je ne pus m'empêcher d'avoir un mouvement de recul, sachant ce qu'il était advenu de la première fois où il s'était retrouvé beaucoup trop prêt.

« Je suis fatigué, je vais aller me coucher. Bonne nuit.»

Je n'eus pas le temps de répondre qu'il se penchait déjà sur moi pour m'embrasser ... sur la joue. Fiouf, j'avais frôlé la catastrophe cette fois. Un deuxième baiser m'aurait rendu tellement folle que j'aurais pu l'assassiner avec la participation des So Nyeo Shi Dae. C'était distribution de bisous ce soir-là ? Ou bien il était vraiment fatigué pour savoir ce qu'il faisait? Je sentis tout de même le rouge me monter un peu aux joues, la sensation de ses lèvres sur ma peau encore omniprésente. Suite à ça, je le remarquais se couvrir le visage, ou plutôt, se le protéger, sûrement en attentes de représailles. Je ne fis que rigoler de cette action quelque peu puérile et qui lui donnait un air ridicule lorsque l'on regardait de loin et puis - je n'étais quand même pas une brute pour le frapper toutes les deux minutes -.

« C'est ça, bonne nuit. Dors bien.»

Je lui adressais un dernier sourire accompagné d'un clin d'œil avant de ramasser le fameux magazine-qui-protège-trop-bien, et de l'aplatir à l'aide de mes mains, puisqu'il avait subit quelques dommages corporels durant la bataille qui m'opposait à Ki Sang. Je me doutais que ce ne serait pas la dernière, à cause des dernières actions qu'il avait eu le culot de réaliser. Il n'empêche que ça serait intéressant de l'observer, et de voir si j'étais arrivé à faire bouger quelques choses en lui. Et si ce n'était pas le cas, alors tant pis. J'avais déjà donné beaucoup trop, et je n'étais pas prête à plus, ou tout simplement je ne voulais pas plus.

[HJ: Sujet terminé ?]

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