Danser, c'est ma vie. Personne ne peut me l'enlever. Tout le monde, tout ceux qui me fréquente depuis un bon moment le savent. Je pratique depuis bientôt neuf ans. Déjà à l'école primaire, je profitais des récrés où les autres s'amusaient dehors pour m'isoler dans un coin et réviser mes pas de Break Dance. Personne ne me critiquait, personne ne me disait quelque chose, et ca m'arrangeait bien. J'avais des amis, comme un enfant normal. Un enfant qui ne fait de mal à personne, celui qui rit avec tout le monde et qui a une famille fabuleuse ? Deux parents, un grand-frère. Et après ? Je ne sais pas. Je ne dis pas grand chose sur ma famille, et pour tout vous dire, c'est mon point faible. Personne ne me questionne sur ce sujet, et tant mieux.
Je ne pense pas que tout le monde ne peut pas réaliser ses rêves. Je ne pense pas que c'est impossible, je crois que c'est possible et je le réalise, c'est tout. Les études, c'est moyen. Disons que pendant un certains temps et seulement pour faire plaisir à mes parents, j'ai bosser comme un malade pour avoir de bonnes notes et puis dire, j'ai eu un énième vingt sur vingt. Maintenant, je ne bosse que dans les matières qui m’intéresse, c'est-à-dire la danse, l'anglais, le français, le coréen et puis basta. Les mathématiques, n'en parlons même pas, vous voyez. Certains sont littéraires, d'autres scientifiques, d'autres encore sont surdoués, et puis les autres restent dans leurs coins. La vie est remplies de catégories différentes dans pleins de milieux différents, et à cela non plus, je n'y crois pas. Mon grand-frère, Yong Woo y croit dur comme fer. Je le déteste. Pour tout ce qu'il a fait.
Les gens disent de moi que je suis plutôt quelqu'un de sociable, et très gentil. Apparemment, je suis très maladroit aussi, si bien que parfois, alors que j'ai mis quelques heures à réaliser un travail, une seule gaffe peut tout foutre en l'air. Idéaliste ? Peut-être. Je ne crois pas qu'il y est d'obstacle dans la vie, il faut sûrement les repousser. J'ai toujours eu des amis, et j'en ai encore, tout du moins je crois bien. Quand je voyais Yong Woo avec sa pauvre bande de racaille de son côté, je me foutais bien de sa face. Franchement. Il avait qu'à faire son caïd du Lycée, qu'est-ce qu'il ferait plus tard celui-là ? Il pourrirait dans les rues de Séoul. Sûrement. Pour dire vrai, je n'en avais que faire de sa vie à lui, après ce qu'il m'a fait, c'est tout à fait compréhensible. Oublié. Complètement. Je suis passé comme une brise dans la famille Lee.
Depuis tout petit, et depuis que j'ai vu une idole danser à la télévision, je suis fan de ce domaine où l'on remue son corps au rythme de la musique. Chaque jour je m'entraîne dur. Mes parents l'ont su très vite, et autant vous dire qu'ils n'étaient pas très heureux après. Bien sûr, Yong Woo était le chouchou de la famille, c'était le petit parfait. Mon œil. Il jouait double jeu, j'ai finis par le remarquer. A la maison, il faisait son petit parfait, et cela cachait quelque chose. Très vite, j'ai compris. Tout d'abord, qu'il était tout le contraire de moi et puis, qu'il ne voulait qu'une seule chose dans la vie: m'écraser, encore et encore. Jusqu'à que je disparaisse, de sa vie d'une part, et de celle de nos parents de l'autre. Pourquoi ? Va savoir. Il y a parfois des choses que l'on arrive pas à comprendre, celle là en fait partie.
Un jour que j'écoutais du Hip-hop dans ma chambre à fond, ma mère a frappé à ma porte :
« Min Woo !!! Éteint cette musique de fauve !! Immédiatement ! »
J'ai soupiré. Et je l'ai entendu rajouté :
« Oooh ! Yong Woo !! Ta dissertation est magnifique ! Je suis très fière de toi. »
Alà. Le jour où elle me dira cela, il pleuvra des crêpes au Nutella et on pourra tous dire
Alléluia ! , Dieu nous aime enfin !
Franchement. Où va le monde.
Parce que je voulais absolument gagner la fierté de mes parents moi aussi, je voulais à tout prix leur faire découvrir qui était vraiment Yong Woo. A la maison, petit être parfait, et au Lycée, je copie sur les autres, anti-sèches à gogo, et racaille sans modération. Parfois, il me faisait des sourires, genre,
alors le Looser, elle en est où ta danse de nul ? Tu veux te rendre intéressant avec ce genre de truc auprès des parents ? T'arrivera pas mon pauvre Min Woo !Je le détestais. Horriblement. Et j'étais sûrement jaloux de lui, oui, très jaloux.
Mes parents n'ont jamais su. Pour la double face de mon frère. Et je m'en fous en fait, j'en ai plus rien à faire. Je ne leur parle plus du tout. Je m'en fous royalement. Et c'est mieux comme cela, je peux vous le dire.
Et ca recommence. J'allume mon poste et je danse avec de la musique, seulement de la musique que j'aime. C'est bizarre, mais quand je danse, c'est comme si plus rien d'autre n'existait pour moi. Ma famille ne comprend pas et ne m'a jamais compris, mais ce n'est pas grave à présent. Je ne vis que pour ce que je fais, que pour ce à quoi je m'entraîne dur comme fer. Mes amis ont commencé à me dire que je devais être remarqué un jour, que c'était obligé. D'après eux, je suis un des meilleurs danseurs qu'ils ont jamais vu. Euh. Dites-moi. Combien ont-ils vu de danseurs dans leur vie ?
La Perfection. Certains disent qu'elle est impossible à atteindre. On verra bien. Parce que je compte bien l'atteindre un jour, cette perfection que j'idolâtre tant.