Shad, c’est un peu monsieur « peace & love » depuis toujours. Avec lui, tout le monde il est tout beau-tout-propre-tout-gentil-tout-mignon, et ce, même si ce dit monde n’a pas toujours été des plus clément avec sa petite personne. S’il le pouvait, Shad aimerait sauver chaque personne présente sur Terre et ce n’est pas pour rien qu’il œuvre dans de nombreuses associations humanitaires en tant que bénévole durant son temps-libre: la vie d’un autre ne compte pas moins que la sienne. Pourtant, né d’une prostituée ayant cherché à l’étouffer avec un coussin dés sa naissance, au fin fond d’un bordel mal famé de Los Angeles et d’un père inconnu parmi une dizaine de clients réguliers pas très nets, notre jeune homme aurait eu toutes sortes de raisons valables pour haïr le genre humain, pour le prendre en grippe, pour se la jouer gros-dur-renfermé-et-fuck-the-world. Par chance, une fois de temps en temps, dans la vie, un ange apparaît et vous sauve: vous y voyez là un signe du destin qui vous incite irrémédiablement à croire en la bonté des gens. En effet, après avoir accouché de lui, petit bambin rose et frêle aux yeux de biche noirs, sa mère tenta aussitôt de mettre fin à sa vie. Élever un enfant ne l’intéressait pas, elle ne voulait pas s’en encombrer alors qu’elle avait tellement mieux à faire: boire et se défoncer à longueur de journée. Fort heureusement, une amie à elle trempant également dans le commerce du sexe facile qui l‘avait aidé à accoucher, une américaine gracieuse, blonde et aux lèvres pleines, ne put se résoudre à assister, impuissante, à la mort d’un petit innocent qui ne méritait pas une telle injustice. Celle-ci s’enfuit avec l’enfant sous les hurlements de folie de la mère, les cuisses encore ensanglantées, cet oreiller puant dans la main, et le confia à sa grand-mère biologique qui entretenait une très mauvaise relation avec sa fille, une vieille coréenne diseuse de bonne aventure réputée pour sa boutique de sorcellerie peu rassurante.

C’est ainsi que Shad, du haut de ses deux jours, quitta les États-Unis définitivement avec sa grand-maman qui avait jugé préférable de l’éloigner de cette mère irresponsable. Il ne l’a jamais rencontrée, mais en revanche, a conservé une relation très fusionnelle avec la belle blonde qui, depuis, était parvenue à retrouver une place correcte au sein de la société et qui lui téléphonait régulièrement pour prendre de ses nouvelles. Cette histoire peu reluisante dont il eut connaissance très tôt ne le traumatisa pas tant que ça: à vrai dire, assit à la table du salon de la maison qu’il partageait avec sa grand-mère à Séoul depuis plusieurs années maintenant, du haut de ses frais onze ans, Shad était déjà rationnel et réfléchi, ainsi que trop mature pour se plonger dans n’importe quelle dépression stupide qu’aurait pu adopter un autre enfant que lui. Depuis toujours, il ne s’accordait aucune faiblesse, il ne s’avouait jamais vaincu: tout simplement parce qu’il avait foi en cet univers et en son peuple. Après tout, l’horreur se trouvait au sein même de la nature humaine, personne ne pouvait plus rien y changer à ce stade, pas même lui avec toute la bonne volonté dont il était doté. Mais ce n’était pas une raison pour mettre tout le monde dans le même panier pour placarder « RAT » sur le front de chaque être vivant, méritant ou non. Car oui, Shad est bourré de bonne volonté. Serviable et honnête, ça a toujours été un jeune homme plein de ressources, fidèle, obstiné, increvable. Quelqu’un de bien, quoi. Quoique totalement superstitieux tout en croyant dur comme fer aux esprits, au destin et à la magie, c’est un chic type de confiance en qui tout un chacun peut y trouver son réconfort: Shad sait comment apaiser et alléger les cœurs en peine. Il faut dire, pour en revenir à sa manie de voir des signes n’importe où, que sa grand-mère a joué un très grand rôle dans sa vie et que c’est un peu de sa faute s’il est devenu ainsi, à toujours croire aux revenants ou au surnaturel. Ayant toujours vécu dans un univers décoré de talismans, d’incantations et de mixtures étranges pour soi-disant soigner les maux les plus louches, l’éducation de Shad a été propice pour lui développer ce genre de pensées loufoques.

Lorsqu’il eut à peu près quinze ans, sa grand-mère lui transmit une lettre de sa maman, qui s’était enfin décidée à montrer signe de vie, et cet évènement resta marqué dans son esprit jusqu’à jamais: il se souvenait de la sensation du papier sous ses doigts, de l’émotion légitime face à cette manifestation, il se souvenait de son écriture un peu désordonnée qui lui faisait vaguement penser à la sienne. Ce n’étaient que des mots, le genre de mots banals auxquels on s’attend dans ce genre de conditions (« je n’aurais pas été une bonne mère », « j’espère que tu vis bien là où tu es » et « je suis désolée pour tout ») et pourtant, Shad porte maintenant encore une affection toute particulière envers cette lettre qu’il garde précieusement dans un livre de la bibliothèque. Si monsieur est ému ou triste, il préfère toujours ne pas le montrer et se contente d’afficher un joli sourire qui n’est pas pour autant faux: sincèrement, il tente toujours de voir les choses du bon côté, même s’il est parfois difficile de ne pas craquer sous le stress. Il se ressaisit, prend une profonde inspiration afin de revêtir son mode happy, puis le monde se remet à tourner tout à fait normalement: Shad entretient ses souvenirs mais ne stagne pas dessus pour ne pas se pourrir la vie.

Niveau scolarité, Shad n’a jamais particulièrement brillé sans pour autant être médiocre, s’occupant plutôt à sécher les cours avec son meilleur ami et à écouter de la musique à fond, enfermé dans sa chambre avec lui jusqu’à ce que sa grand-mère tambourine la porte suffisamment fort pour faire trembler les murs. C’est à ce moment-là qu’il commença à s’intéresser de près au monde de la musique, et son ambition pour le futur serait d’avoir un groupe dans lequel il pourrait jouer de la guitare comme il l’entend, aux côtés de son vocaliste de meilleur ami. La musique l’apaise, quel que soit son genre, mais il conserve un amour tout particulier pour le rock américain et le classique ou la soul, en tant que grand amateur de belle musique pas forcément commerciale. En toute honnêteté, Shad n'a jamais vraiment montré d'intérêt particulier pour la célébrité: certes, tout un chacun souhaiterait un jour être reconnu par ses semblables pour un talent, mais lui n'aurait jamais vraiment pensé saisir sa chance un jour. Du moins, il n'y aurait pas songé si son meilleur ami, à la fin du lycée, n'avait pas décidé d'intégrer la K.U.A afin de poursuivre leur rêve commun, soit parvenir à créer ce groupe qui les obsédait depuis toujours. Au début, ce ne fut pas simple de convaincre Shad pour l'aventure, il se voyait plutôt travailler au lieu de commencer des études, quelles qu'elles fussent. Mais face à l'instance qu'il ne pouvait pas contrer de son pote de toujours, le jeune homme eut très vite envie de s'inscrire à son tour, autant pour perfectionner son expérience musicale que pour continuer de suivre des cours avec lui. Au début, soyons honnêtes, il était très embarrassé de se retrouver au milieu de tous ces jeunes gens talentueux, et il avait un peu - beaucoup - peur de ne pas être à la hauteur. Après tout, il n'avait rien de plus qu'eux ! Mais c'est bien ce qui faisait le charme de cette école; chaque élève avait une aptitude bien à lui qui allait le mener très loin dans l'avenir. Shad mit un certain temps à comprendre cela et à se sentir à l'aise, mais à présent, ça va bien mieux puisqu'il s'est fait des amis et a su assumer son talent avec la guitare.

Mais quand on s’appelle Son Shad et qu’on désire sauver le monde entier, on récolte forcément des ennuis un jour ou l’autre et il ne compte même plus le nombre de passages à tabac qu’il a dû supporter pour avoir voulu venir en aide à une âme en détresse: et le pire, c’est sans doute qu’il en est fier ! Fier de vouloir aider son prochain et de rêver à un futur sans conflit. Oui, rêver, car nous savons tous qu’un tel avenir n’est pas possible pour la race humaine, mais c’est plus fort que lui, Shad aime rêver. D’un naturel tête en l’air, ça n’a rien de très surprenant. Néanmoins, il est borné; lorsqu’il se plante une idée dans l’esprit, il devient impossible de l’empêcher d’aller jusqu’au bout, et il déteste avoir tort ou qu’on essaie de le remettre à sa place, voire à le démoraliser. Si c’est une personne très gentille, lorsqu’il arrive que bouchon soit poussé un peu trop loin, son impulsivité des grandes occasions prendra irrémédiablement le dessus… et ça fait toujours très mal des deux côtés. Car Shad, s’il sait comment guérir, sait également comment blesser si besoin est, et personne n’a envie de se faire insulter par une bouille d’allure généralement si sympathique et compréhensive. Personne n’a envie d’avoir un ange fâché contre soi.

euh. ici stone, quinze ans, joue encore à la balançoire et au bac à sable avec son hochet dans la bouche... esprit très. très mal tourné. heh. ♥

Scénario [ ✗ ]
Code Règlement Code ok ♥