Des premiers souvenirs de mon existence, trois images remontent immanquablement et à chaque fois à la surface. Le premier est le jour où j’ai du quitter l’Espagne pour la Corée du Sud, je m’en rappelle comme si c’était hier. Je n’arrêtais pas de pleurer, je devais non seulement quitter mes amis, la terre où j’ai toujours vécu mais aussi ma chère mère qui m’avait transmis le gout pour la danse. Il n'y avait pas un instant où l'on entendait pas un air de musique dans la maison familiale, c'était comme une tradition. Tous les soirs on se réunissait dans le jardin et on passait une bonne partie de la nuit à chanter, danser, enfin bref on s'amusait et on était heureux. Je n'avais jamais imaginé une seule seconde que tout cela aurait pris fin, si je pouvais remonter le temps, je prendrais bien plus de plaisir à partager ses bons et merveilleux moment. nous étions une famille unie soudée, comment cela a-t-il pu arriver ?
En effet, mon départ était significatif du divorce de mes parents. Mon père, après une longue bataille juridique, avait fini par obtenir ma garde complète. Je n’avais rien à dire étant donné que j’avais 15 ans lorsque cela s’est passé. Je n’avais aucun lien affectif avec mon paternel, il était toujours en train de travailler et rentrait tard le soir. Moi je passais mon temps avec ma mère qui était une danseuse de flamenco, elle possédait sa propre école et enseigna cet art qui était pour moi ma raison de vivre.
Ma mère se tenait devant moi en souriant, elle me disait que je ne devais pas m’inquiéter que l’on s’occupera de moi une fois à Séoul. Elle m’avait aussi promis que j’intégrerai une école de danse et je pourrai continuer à vivre de ma passion, cependant je n’arrivais pas à retrouver le sourire. Un peu plus loin dans le couloir qui devait me mener à un autre monde, je pouvais apercevoir le visage de ma meilleure amie, était-elle triste ? Je ne pouvais pas le savoir, mes larmes rendaient ma vision floue. Nous ne nous sommes pas dit adieu car elle m’avait promis qu’elle viendrait me rejoindre mais plus le temps passait plus sa promesse était comme une vielle lettre qui nous ne servait plus à rien. Maintenant que j’y pense, c’était tout bonnement impossible, elle n’avait pas la nationalité coréenne mais bien espagnole, identité que j’ai moi-même perdu le jour de mes 18 ans.
Transcendance des corps et des âmes
Danse sensuelle accompagnée des Cantaors
iTelle est celle que l’on nomme Flamenco
Le flamenco, mon deuxième souvenir le plus précieux. Comme dit plus haut, ma mère était danseuse de flamenco. Née d’un père coréen et d’une mère espagnole, cette femme reste et restera mon modèle. Du plus loin que je me souvienne, c’est elle qui m’a appris tout ce que je sais surtout en ce qui concerne la danse. Ma famille me répétait sans cesse que j’avais appris à danser avant même de savoir marcher, vous commencez à comprendre l’importance et l’influence qu’à cet art pour moi.
Je suis fille unique et j’ai été gâté ma par toute ma famille qui était assez grande, je ne peux pas vous dire le nombre de cousin et de cousine tellement ils étaient nombreux. Ma naissance était très attendue car ma mère ne pouvait (d’après les médecins) ne pas avoir d’enfant, inutile de vous précisez que j’obtenais toujours ce que je voulais. Je suis une personne qui sait ce qu’elle veut et qui n’a jamais fait d’effort dans sa vie. Il n’y a que pour une seule chose dont je travaille sans relâche, pour le reste tout m’est offert sur un plateau d’argent. Je n’aime pas qu’on me dise non et je me plains sans arrêt. Défaut qui s’est intensifié lorsque je suis arrivée à Séoul. Mon troisième souvenir qui fut une totale transformation, j’étais désagréable avec tout le monde et je ne voulais me lier avec personne. Je regrettais la méditerranée et sa façon de vivre. Tout y était tellement différent, je sais que la culture coréenne fait partie de moi, d’ailleurs je la connais très bien car ma mère mettait un point d’honneur à ce que je connaisse mes origines mais allez savoir pourquoi, je ne faisais aucun effort…
En fait, j’étais en colère contre mon père, tout était de sa faute ! Il n’avait pas pris soin de maman et elle a finit par l’abandonner. Il avait trouvé un travail à Séoul pour pouvoir s’éloigner de son premier amour, d’après ce qu’il me disait il l’aimait toujours et ne pouvait pas supporter la voir avec un autre homme. Il a donc préférer s’enfuir et comme il est de nature égoïste il m’a pris avec lui.
Je le remercie tout de même de m’avoir permis d’intégrer la grande école des arts de Séoul, c’était une promesse qu’il avait faite à moi et à ma mère et pour une fois il l’a tenu. Là-bas j’ai rencontré des personnes formidables, bien que je reste exécrable la plupart du temps, certains de mes camarades méritaient un peu plus d’attention, je ne fus pas déçu car cela m’a permis de m’améliorer dans le but de devenir meilleure. J'essayais de m'ouvrir aux autres bien que cela ne soit pas si facile, je me mis donc en tête de faire tout pour m'intégrer. Je me proposais comme chef de classe, ainsi j'en apprenais un peu plus sur mes camarades, je me proposais également à donner des cours à mes juniors ou à des personnes désirant intégrer cette école. J'étais quelqu'un de volontaire qui n'hésitait pas à aider son prochain. Cela me faisait sentir comme dans mon petit village d'Espagne où tout le monde s'entraidait dans la bonne humeur.
M'intégrer ne signifiait pas que je perdais de vue mon rêve. Cette école est truffée de petit génie et je ne voulais en aucun cas perdre contre ses gens là. C’est ainsi que je passais mes journées de libre dans une salle d’entrainement à danser, danser, danser,…