En me réveillant en début de semaine, je m'étais mis en tête d'oublier ce qui s'était passé le jour précédent, c'est-à-dire, oublier tout ce qui concernait Park Ki Sang. Il n'était pas méchant du tout, c'était plutôt moi le problème dans cette affaire. Je n'étais pas du tout habituée à ce que quelqu'un me déclare sa flamme de cette manière. De toute les manières en faite. Et puis, je le connaissais à peine et ... enfin bref, il y avait vraiment pleins de raisons qui s'accordaient pour dire que je devais arrêter de le fréquenter. Plus facile à dire qu'à faire, puisque deux jours plus tard, je trouvais un ipod neuf dans ma chambre, sur ma table de chevet. Ki Sang était responsable de la casse du précédent, et il avait décidé de m'en offrir un autre. D'un côté, j'étais contente qu'il m'en ait acheté un nouveau, et rien qu'en le voyant, un sourire était apparu sur mon visage, qui disparut presque immédiatement. Car si j'écoutais de la musique avec cet appareil-là, il me rappellerait le jeune homme constamment. A contre-cœur, je décidais de le jeter aux oubliettes dans l'un de mes nombreux tiroirs. Je m'en achèterais un moi-même lorsque j'aurais un peu de temps.

Durant les jours suivants, je ne l'avais pas croiser une seule fois, ce qui était un exploit, puisque nous étions dans la même année, la même section et la même résidence. J'avais seulement entendu quelques rumeurs à son sujet, colportées par ses admiratrices, comme quoi il avait été obligé de rester à l'infirmerie pour surmenage, ce qui me paraissait surréaliste. Le Ki Sang que je connaissais ne se serrait jamais laissé aller de cette manière, n'est-ce pas ? Enfin, ce n'était pas comme-ci c'était mon meilleur ami ou quoique ce soit, je tirais juste des conclusions à partir de ce qu'il m'avait fait entrevoir sur sa personne. Je restais donc convaincue que ce n'était que des mensonges justifiant son absence à l'un de ses cours.

Trois jours plus tard, je me retrouvais dans la cafétéria de l'université pour mon déjeuner. Je m'étais donné à fond dans le cours de danse de la matinée, je me devais donc de reprendre des forces pour affronter ceux de l'après-midi. Plat du jour : spaghetti bolognaise, vraiment mauvais pour garder la ligne ce plat. Mais je pouvais me le permettre puisque je ne prenais pas un gramme, sûrement grâce à la danse. Je pris également une pomme et partis m'assoir à une table de quatre au milieu de la salle. Il y avait tellement de places libres que personne ne viendrait me déranger. C'était ce que je croyais.

Je venais tout juste d'entamer mon plat lorsque je sentis quelque chose de lourd atterrir sur ma tête, puis couler le long de mes cheveux, et tâcher les vêtements que je portais ce jour-là. Je regardais mieux, et reconnut la sauce tomate et les spaghettis qui étaient servis, les mêmes que ceux dans mon assiette. Je crus tout d'abord rêver, mais l'odeur et la sensation étaient bien présentes. De plus, tous les bruits de la cafétéria s'étaient attenués en une fois, si bien qu'on aurait pu entendre une mouche voler. Quelques secondes de réflexion, et ma colère atteignit un degré très élevé. Quel maladroit avait osé renversé le contenu de son plateau sur moi ? Je me tournais pour voir cette personne, et mes yeux s'agrandirent immédiatement. Puis je repris une expression normale, voire assez méchante.

« Park Ki Sang, j'aurais dû m'en douter. »

Aish, ce mec ne m'apportait vraiment que des problèmes. Pourquoi est-ce qu'à chaque fois que je le voyais, il se passait une catastrophe ? Il était vraiment nocif pour moi, raison de plus pour m'en éloigner. Je soupirais puis secouais la tête. Dès que j'avais vu sa tête, ma colère s'était apaisée, et j'étais vidée de tout sentiments négatifs. C'était vraiment trop bizarre. Je le vis ouvrir puis refermer la bouche, sans pouvoir sortir un seul mot, un vrai poisson rouge. Il avait peur de ma réaction, je pouvais le lire sur son visage. Après tout, j'étais bien capable de le frapper. Mais après notre dernière rencontre, je n'allais pas me laisser aller à montrer mon caractère fort. Au contraire. Il fallait que je l'éloigne de moi, donc je décidais de jouer l'indifférente. Il ne fallait pas que je laisse mes vrais sentiments me submerger, sinon ça allait donner la même fuite que la semaine dernière, et les gens risqueraient de trouver tout ça étrange. Or, je n'avais pas besoin d'autres problèmes, comme des groupies en action ou un article dans le Kuamo. Je fermais donc mon visage à toute émotion, et vidais ma tête de pensées inutiles. Puis, j'enlevais avec mes mains les aliments qui se trouvaient sur ma tête, jusqu'à ne plus en avoir, avant de relever la tête en direction de Ki Sang une nouvelle fois.

« Je t'enverrais la note du pressing pour les vêtements. »

Je le vis lever les yeux au ciel, tandis que je me retournais pour remettre de l'ordre sur mon plateau maintenant rempli de spaghettis. Il y en avait tellement, que je ressentis une soudaine envie de vomir : j'aimais manger, mais pas autant. Puis, j'entendis sa voix.

« Comme si ça me dérangeait. De toute façons, ça ne couterait sûrement pas plus cher qu'un Ipod. »

Quelques secondes plus tard, fou rire général. Mais qu'est-ce que c'était drôle, surtout quand les gens ne savaient même pas de quoi il était question. Et Ki Sang. Il se croyait marrant avec ces petites piques à la con ? Non mais franchement, les personnes comme ça me répugnaient. Je soupirais, sans même daigner lui répondre, je n'avais pas à m'abaisser à son niveau. Et de toute façon, même si je le voulais, quelque chose en moi m'empêchait de lui répondre trop méchamment. Je l'avais assez blessé comme ça, pas vrai ? Mais, malgré cette résolution, si il me provoquait trop, je pouvais très bien devenir le diable en personne. Et il n'avait pas encore vu ce dont j'étais vraiment capable. Quand je vous dis qu'il ne me connaissait pas du tout, c'était la vérité. J'entendis la voix d'une femme ordonner - c'était le mot - au jeune homme derrière moi d'aller chercher à nouveau plateau, puisque tout le contenu du sien était sur le mien, voire sur moi. J'entendis des pas s'éloigner, puis se rapprocher de nouveau. La voix féminine parla de nouveau.

« C'est qui cette fille ? »

Cette fille ? J'avais un nom moi ! Je me retournais pour voir à qui appartenait cette voix désagréable, et je reconnus l'infirmière de l'université. Ainsi, les rumeurs étaient bien fondées, et maintenant, il avait besoin d'une personne pour le surveiller. Pauvre petit choux. Si être dans cette école lui causait du surmenage, pourquoi avait-il postulé ici ? Bref. J'attendis la réponse de Ki Sang.

« C'est personne. Enfin, si mais je la connais pas. »

Personne. Pourquoi est-ce que le fait d'entendre qu'il me considérait de cette manière me rendit un peu triste ? Il ne pouvait pas dire une camarade de classe, ou une amie ? Il me rabaissait un peu plus à chaque phrase qu'il prononçait, ce qui ne me plaisait absolument pas. De plus, le rire des élèves présents à la cafétéria me faisait m'énerver encore plus. Mauvais signe, si je ne pouvais plus me contenir.

« En tout cas, elle te connait assez pour savoir ton nom. Et pour connaître ton adresse. Et pour oser t'envoyer des frais de teinturier. »

Mais elle se prenait pour qui celle là ? Pour sa mère ? Et je me demandais vraiment comment Ki Sang pouvait supporter ce manque de liberté. J'aurais fui depuis bien longtemps si j'avais été dans le même cas, de la même manière que je l'avais fait avec ... lui.

« On est dans la même résidence, mais on ne s'est parlé que deux fois !! »

J'entendis les pas du jeune homme se rapprocher de ma table, puis poser son assiette pleine sur son plateau. Le fou rire général continuait, si bien que je n'arrivais vraiment plus à réfléchir correctement. Ma tête allait exploser si ça continuait. Je croisais le regard de Ki Sang, et tentait de garder une expression neutre par tous les moyens possibles. Il ne fallait pas qu'il voit ce que je ressentais à ce moment-là, la confusion dans laquelle j'étais plongée des pieds à la tête. Quelques secondes plus tard - qui me parurent des heures soi-disant passant -, je le vis empoigner son assiette et la coller sur la tête d'une fille qui mangeait à la table à côté, et qui semblait être la personne qui rigolait le plus - sûrement une admiratrice de Ki Sang -. Je ne sais pas si ce geste partait d'une bonne intention, ou si il voulait montrer sa supériorité, mais cela ne me fit rien. Absolument rien. Je n'arrivais vraiment plus à discerner sa vrai personnalité de son jeu d'acteur, peut-être avait-il emmêler les deux, aucune idée. Les rires cessèrent presque immédiatement. Il regarda la pauvre fille d'air arrogant, hautain, la même expression que lorsque je l'avais rencontré pour la première fois. Puis il parla d'une voix forte.

« Si tout le monde rit de toi maintenant que tu es recouverte d'un plat en sauce, ça te fera sûrement réfléchir un peu. »

Franchement, je plaignais cette fille. Et j'en voulais à Ki Sang de se comporter en parfait idiot. Ce n'était pas parce qu'il était populaire qu'il avait le droit de faire ce genre de choses. Accident, ok. Mais là, ça ne se faisait vraiment pas. Je soupirais, et enfin, me levais de mon siège pour aider la jeune victime. Peut-être avait-elle ri plus fort que les autres, néanmoins, personne ne mérite ce genre de traitement. Au début réticente, elle finit par se laisser faire, et me remercia lorsque j'eus terminé. Puis je me tournais vers Ki Sang, et lui parlais d'une voix assez faible, peut-être parce qu'entendre tous ces rires dirigés contre moi avait drainé mon énergie.

« Je sais pas à quoi tu joues, mais ne t'en prends à des personnes qui ne t'ont rien fait. »

Je fis une pause, levant les yeux au ciel, avant de continuer.

« Et dis à ta babysitteuse de changer de ton quand elle parle de moi. Ah, et aussi, qu'elle arrête d'essayer de me tuer avec son regard, ça m'énerve. »

Cette sangsue me regarda avec dédain, avant de se détourner et observer son petit protégé. Puisque toute cette histoire m'avait coupé l'appétit, je décidais de quitter la cafétéria, et pris mon plateau d'une main. Je m'apprêtais à partir, mais je m'arrêtais tout de même à la hauteur de Ki Sang, avant de lui dire d'une voix si basse que seul lui pouvait entendre ce que je voulais lui dire.

« Merci pour l'ipod. Mais je ne suis pas sûre de pouvoir l'utiliser.. »

Puis, sous les regards de toute la cantine, je rejoignis la file d'attente pour pouvoir déposer mon plateau et pouvoir quitter cette endroit le plus rapidement possible. À cet instant précis, mon rêve était de prendre une douche.

« Si un jour tu te fais mal quelque part, tu pourras toujours courir pour te faire soigner, tu le sais ça ? Et c'est pas toi qui avait dit qu'on ne pouvait pas être amis ? Si tu n'es qu'une camarade de classe, je ne vois pas ce qui me gênerais dans sa manière de parler de toi. »

Si un jour je me faisais mal. Parce que, depuis ma plus tendre enfance, je n'avais jamais eu de blessures ni de maladies qu'un médecin normal ne put soigner. Alors son infirmière, il pouvait se la garder. Ce n'était pas moi qui en avait le plus besoin apparemment. Et en plus, il était en train de retourner contre moi tout ce que je lui avais dit lors de notre dernière rencontre, avec le fait qu'on ne puisse plus être amis. Génial, il ne me manquait plus que ça. Je soufflais sans répondre, puisque je n'avais pas les moyens de contrer mes propres arguments. Et puis, malgré ce que je venais de dire, l'infirmière ne daigna pas changer la trajectoire de son regard tueur. Aish, c'était énervant les gens comme ça.

Je rejoignis donc la file d'attente, pour déposer mon plateau. Alors que je me pensais libérée de toute contrainte, à part celle de me balader pleine de sauce tomate, j'entendis des pas s'approcher de ma position, et une voix - celle de Ki Sang, murmurer assez furieusement à mon oreille.

« Il faut qu'on parle sérieusement. Tu as tout à fait le droit de ne pas m'aimer, mais j'aimerai savoir pourquoi tu ne peux pas utiliser cet Ipod. Et ne me fais pas des scènes de ce genre, surtout avec l'infirmière. »

De un : parler sérieusement, ce n'était pas le bon moment du tout, avec toutes les personnes qui se trouvaient dans la cantine. Je ne voulais pas que ma non-relation avec Ki Sang s'ébruita, pas que je me souciais de ma réputation, non. C'était juste le fait que ce soit trop personnel et que cela nous touchait de près lui et moi. Et des problèmes, j'en avais déjà bien assez comme ça. De deux : pourquoi venait-il de prononcer le mot aimer accompagné d'une négation ? J'étais déjà assez embrouillée comme ça à cause de lui depuis quelques temps, alors si il venait me rappeler à chaque occasion qu'il m'aimait, la situation ne s'arrangerait sûrement pas pour moi. Je ne voulais pas devenir folle moi ... De trois : je ne pouvais quand même pas lui dire qu'utiliser son ipod me ferait penser à lui, et que c'était ce que j'évitais de faire en ce moment, en tant que lâche que je suis. Je l'étais devenu depuis qu'il m'avait avoué ses sentiments pour moi. Mais quelque chose m'empêchait de lui répondre concrètement. Je ne voulais pas le blesser encore plus que je ne l'avais déjà fait. Et de quatre : si il ne voulait pas que je fasse de scène - ce que je ne fais jamais soi-disant passant -, il ne devrait pas me sortir ce genre de chose en pleine cafétéria. Heureusement pour lui, j'étais fatiguée, alors rien ne risquait de lui arriver. Pour l'instant. Je soupirais une énième fois avant de lui parler.

« Et tu crois qu'elle trouve pas ça bizarre que tu la largues pour venir me voir ? Alors que tu viens de dire devant tout le monde que je suis seulement une camarade de classe. »

Je regardais en direction de la dite-infirmière, qui était restée plantée comme un clou au milieu de la cafétéria dans son uniforme blanc - pas très beau d'ailleurs -, et qui nous suivait du regard. Elle était à une distance assez éloignée pour que je puisse parler assez librement, sans me voir étrangler dans la minute qui vienne parce que je fatiguerais son pauvre lapinou.

« Je ne t'ai pas demandé de m'acheter d'ipod déjà. »

Idiote.

« Et puis, j'en avais déjà un autre en réserve. »

Double idiote. Je n'avais pas d'ipod en réserve. Mais je ne pouvais pas non plus lui dire la vérité. Et puis, ce n'était pas vraiment un mensonge : j'avais mis de l'argent de côté pour m'en acheter un tout neuf, donc je l'avais en réserve pas vrai ? C'était moi-même que j'essayais de convaincre en jouant sur les mots, et ça marchait plutôt mal..

« La prochaine fois, ne t'inquiète pas pour si peu, après tout, nous ne sommes pas amis. »

Je lui lançais un regard lourd de sous-entendus, avant de poser mon plateau sur le tapis, et pousser la porte de la cafétéria.

« Ne sois pas comme ça. Tu sais exactement de quoi je veux parler, pas besoin de le prendre comme ça. Et je ne vois toujours pas en quoi ça peut te gêner. C'était ce que tu voulais, alors explique moi pourquoi tu te vexes ? »

Pourquoi je me vexais ? Bonne question qui méritait réflexion, mais une autre fois. J'étais trop fatiguée pour l'instant pour lui répondre. Je levais simplement les yeux au ciel, trouvant que notre conversation tournait légèrement au ridicule. Tu m'aimes je t'aime bien mais je peux pas t'expliquer pourquoi j'ai pas envie de t'aimer en retour pour l'instant, pff, fatiguant tout ça. Je sortis finalement de la cafétéria, mais Ki Sang me suivit - quelle surprise - en dehors du réfectoire. Il n'y avait pas un chat dans le couloir, tout était silencieux. Tous étaient sûrement en train de se poser des questions à l'intérieur, et c'était mauvais, car je ne voulais vraiment pas que les affaires de cœur du jeune homme s'ébruitent. Enfin, mes affaires aussi, puisque c'était de moi dont il était amoureux. Aish, il m'énervait. Tout m'évervait. Je voulais juste prendre une douche moi ... Je replaçais une mèche gluante derrière mon oreille, pour qu'elle ne me gêna pas la vue.

« Myung Hee, fis-je d'une voix douce, pourquoi tu es fâchée ? Tu m'en veux ? J'aimerai savoir ce que j'ai fait de si mal ? Tu sais que t'en qu'à faire, j'aurais préféré ne jamais tomber amoureux de toi, mais le fait est que je t'aime, et j'en suis désolé. »

Pourquoi est-ce que ça me faisait mal, au fond, d'entendre qu'il aurait préféré ne jamais être tombé amoureux de moi ? Merde, mais depuis quand je prenais toute cette histoire à cœur ? C'était vraiment mauvais signe. Je ne voulais pas le laisser approcher plus encore, sinon ça allait être pire. Je ne voulais plus être blessée. Tout ça, c'était pour la petite Yoon Myung Hee, avant qu'elle n'ouvre les yeux. Elle, elle pensait que tout le monde l'appréciait. Alors que moi, je ne pouvais toujours pas croire que lui puisse éprouver quelques sentiments forts pour moi. Et pourtant, il fallait que j'accepte la vérité. Le déni ne résoudrait rien. Je soupirais, et massais mes tempes à l'aide de mes doigts, pour ne pas sortir de conneries. Ce n'était vraiment pas le moment.

« Arrête de t'excuser, Pabo, c'est pas ta faute, ça arrive, c'est tout. »

Je lui fis un maigre sourire de compassion, avant de continuer.

« Tu me croirais si je te disais qu'en t'éloignant de moi, j'espère que tu sois moins blessé ? Je sais, c'est assez bizarre huh. Je t'ai déjà dit que je t'aimais bien, et ça n'a pas changé. J'ai juste pas très envie de te voir souffrir si je reste amie avec toi. Je ne suis pas fâchée. Du tout. »

Je soupirais à nouveau. Ce mec ne m'apportait que des ennuis. Qu'est-ce qui m'avait pris l'autre jour de vouloir lui parler ? A ce degré de confession, je savais bien qu'il ne jouait pas la comédie, comme il le faisait si bien avec les autres. Mais et après ? Disons que j'accepte de sortir avec lui. Qu'est-ce qui me dit que notre relation serait bonne ? A chaque fois qu'on se voit, on se dispute ou il se passe quelque chose de fou, je m'énerve, je me calme, et on repart en bons termes. Je ne m'y connaissais vraiment pas, c'était un domaine que je préférais éviter. Que je voulais éviter. Ki Sang ne me laisserait jamais partir si facilement pas vrai ?

Une moue s'afficha sur le jolie visage de Ki Sang. Je ne savais pas ce qui passait dans sa tête exactement, mais à l'évidence, ça me concernait. Un silence lourd pesait, et je n'aimais pas ça. Mais tout était de ma faute, alors autant assumer. De toute façon, je n'allais pas changer du jour en lendemain : je faisais très peu confiance, voire pas du tout, à la majorité des gens que je connaissais. Un mur me protégeait de tout, mur bâti il y a des années de cela, et trop solide pour Ki Sang. Quoique ...

« Tu as peut-être raison en fait. On devrait s'éloigner … »

Pourquoi est-ce que, quand c'était lui qui le disait, ça me faisait mal au fond ? Je sentais quelque chose se serrer en moins, je savais que j'aurais mieux fait de ne pas l'éloigner à ce point-là de moi, mais je ne pouvais pas m'en empêcher, c'était plus fort que moi. Et puis merde, plus je lui parlais, plus je m'enfonçais dans les problèmes. Peut-être que si il s'éloignait, j'allais enfin avoir la paiX. Bon, j'étais en train de me contredire, mais ce n'était pas des choses auxquelles j'avais affaire tous les jours. Et je n'avais malheureusement personne pour me conseiller, car c'était quelque chose de trop personnel pour que je puisse me confier. Mais si toute cette histoire n'était pas découverte, je pourrais faire comme s'il ne s'était rien passé, n'est-ce pas ? Ça serait vraiment top comme solution.

« Oui, je vais faire de mon mieux pour t'oublier. C'est la bonne solution. Je ne te parlerai plus si tu veux, je pourrai même faire comme si rien n'était jamais arrivé. »

Voilà, on était d'accord sur ce point-là, même si je ne le dis pas à haute voix pour ne pas risquer de le froisser encore plus. Tout d'un coup, je le vis se rapprocher dangereusement de moi ... comme la fois où il m'avait embrasser dans la résidence. Je ne fis rien pour l'éviter, ou plutôt, je n'y arrivais pas, car mes muscles étaient comme déconnectés, aucune partie de mon corps ne voulait ou ne pouvait bouger. Je sentis à nouveau ses lèvres contre les miennes, mais cette fois-ci, je n'y étais pas aussi opposée que la première fois. Peut-être parce que je le connaissais plus que la dernière fois. Tout était confus. Avant qu'il me fasse sa déclaration, je ne l'aurais jamais laissé approcher comme ça. Je l'aurait castré directement et j'aurais été complètement tranquille. Aish ... Il s'écarta enfin, et murmura à la suite.

« Adieu ? »

Bizarrement, je n'avais pas envie de la frapper, ou de le fracasser contre le mur après ce qu'il venait de faire. Rien. Il fallait vraiment que je m'éloigne. Sérieusement, tout ça devenait trop étrange. Et puis j'étais venue ici pour étudier, et pour ma passion tout simplement, et les histoires comme ça, je devais les laisser de côté ! Je devais rester en paix avec moi et ma passion. Si ça continuait comme ça, je devrais peut-être m'isoler, et je préférais éviter car ce n'était vraiment pas pratique. Quelques minutes plus tard, je me décidais enfin à parler, d'une voix légèrement enrouée, à mon grand étonnement.

« J'espère que tu trouveras quelqu'un de bien, Park Ki Sang. »

Je levais la tête et lui regardais dans les yeux, avec un léger sourire aux lèvres, puis lui tournait le dos.

« Maintenant laisse-moi aller prendre une douche, tu veux ? »

Adieu ? Même si j'espérais que ce soit la dernière fois où je pourrais le croiser, je restais persuadée que le destin en déciderais autrement, ou plutôt, que l'issu en saurait tout autre. Après tout, nous étions en même année, même section, et même résidence; on ne pouvait que se croiser. Mais on pouvait s'ignorer. C'était ce que j'allais faire de mon côté, et je m'y tiendrais, si j'y arrivais, coûte que coûte.