A Wee Meal

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« He wasnae.... Wha'd'you mean, he wasnae likely tae see you again? »

La voix et la langue font tellement tache dans le décor que certains élèves se tournent vers elle. Il faut dire que, non contente de ne pas être du pays, Séraphine parle anglais avec un accent écossais tellement prononcé que même quelqu'un parlant couramment aurait plus que du mal à la comprendre. Dialecte, r roulés, prononciation mâchée, intonation anarchique, bienvenue en Écosse ! Youhou, Édimbourg dans votre salon Coréen, si c'est pas la classe ça !
En réalité, pas vraiment. Parce que bon, à moins de vraiment aimer ce pays, ça restait un endroit avec des autochtones pas spécialement accueillant, détestant les touristes, et les anglais plus encore. On se souvient encore – ou pas – de ce malheureux jeune homme qui, un jour, avait dit que Séraphine était anglaise... Une de ses colères étaient sorties à ce moment, et le pauvre jeune homme ne ferait plus jamais l'erreur !

Mais là n'est pas la question. Téléphone portable contre l'oreille, sac sur l'épaule, canne blanche dans sa main libre, la jeune femme avance de manière assez assurée pour quelqu'un de sa condition ; et, vous l'aurez compris, alors qu'elle avance vers la cafétériat, impatiente de se restaurer, elle se retrouve avec une connaissance de l'autre bout de la Terre au bout du fil. Et suscite les regards étonnés alentours, car, on s'en doute, pas grand monde ne comprend ce qu'elle raconte. Les meilleurs en langues réussiront peut-être à reconnaître quelques mots, attrapés au vol.

« Wha' a wee bastard ! You dinnae have tae worry for tha' wee son of a... Aye, aye, alrrright. »

Elle s'est interrompue dans ce qui semble être une tirade haineuse, en poussant la porte de la cafétériat du bout du pied. Ses yeux morts semblent fixer quelque chose légèrement en hauteur, sa canne blanche heurte chaque obstacle devant elle ; les tintements qui en résultent l'aide à se repérer sans difficulté. Après s'être interrompue, elle hoche la tête, « aye aye » gentiment, et laisse son interlocutrice parler en cherchant une table libre et de préférence pas trop loin du comptoir. Puis, calant son téléphone entre son oreille et son épaule, canne blanche toujours dans l'autre main, elle attrape un plateau, et, se guidant à l'odeur des victuailles, se sert comme elle peut, en hochant de temps en temps la tête – hmhm.
Hop, elle soulève le plateau plein qui vacille dangereusement au bout de son bras, mais tient bon, et retourne à sa table – à noter qu'il pourrait y avoir quelqu'un à cette table, s'il ne s'est pas manifesté de manière audible, elle ne s'en sera pas aperçue. Et, enfin, elle se laisse tomber sur la chaise, cherche les baguettes, pose sa canne et change son téléphone de main.

« Hm, y'ken, it's shan f'you. This gadge's a real pain in the ass. Ah mean mah words. »

Encore quelques mots sont échangés, alors que l'aveugle place aisément ses baguettes entre ses doigts, et attrape une pincée de nouilles. Puis, finalement, après avoir parlé pendant encore quelques minutes – durant lesquelles elle est apparue comme assez lasse – elle raccroche, pousse un soupir, et reprend son repas.
Comme toujours, elle ne parle pas aux gens, a essayé de trouver une table complètement libre – a-t-elle réussi ? - et est bien décidée à manger en silence, ses yeux morts fixant le vide de leurs pupilles blanchâtres. Quoiqu'il en soit, le plat du jour était moyennement à son goût. Qu'on se le dise, elle donnerait beaucoup pour un bon haggis.

[Hrp : pour les anglicistes qui lisent ces lignes, ne paniquez pas si vous percutez rien, j'ai bourré le parler anglais de Séraphine de ces mots couramment utilisés par les écossais et qu'on n'apprend jamais à l'école ! Donc vraiment, c'est juste un côté perfectionniste de ma part x) J'offre la traduction à quiconque est vraiment intéressé par ces histoires qui ne servent à rien.]

**Invité**

Truc rapide et efficace pour éviter les fauteurs de troubles qui gâcheraient votre moment de repas. Numéro un : brancher son ipod et bien faire attention à ce que vos écouteurs soit sur vos deux oreilles. Ainsi les personnes susceptibles de venir vers vous se réduisent de moitié. Si cette méthode venait à ne pas fonctionner, veillez à lancer un regard noir à la personne qui a essaierait ne serait-ce que vous regarder. Après 3 ans passés à l’école des arts de Séoul, je peux vous dire que ses « truc » marchaient une fois sur deux. Vous savez il y a toujours des imbéciles qui ne comprennent pas que quand c’est non c’est non. Méchante, moi ? Non pas vraiment, je suis une personne volontaire et sociable lorsque moi je l’avais décidé, un point c’est tout ! La plupart du temps je restais agressive, ah oui et autoritaire d’après une de mes juniors. La plupart des mes camarades ne méritaient pas que je leur parle. C’était moi et moi seule qui décidait de passer de l’étape inconnu à connaissance, de connaissance à ami ? Pour vous dire la vérité c’est une étape qui n’est pratiquement pas franchie. J’en fais trop ? Surement mais je m’aime comme je suis. Revenons vers cette première année, j’avais eu la gentillesse de lui enseigner un pas de danse durant la pause de midi et cette gamine part après 20 minutes prétextant que je lui gueulais dessus. Était-ce de ma faute si elle n’était pas douée, comment avait-elle fait pour intégrer cette école ? Résultat des courses, j’avais perdu la moitié de mon temps libre pour des broutilles, inutiles de vous précisez que je n’étais pas d ‘humeur.

En retard à la cafeteria à cause de ce petit incident, mon entrée se fit remarquée par un claquage de porte monumentale. Je fis la file comme tout le monde et fort heureusement il y avait peu de personnes devant moi ou sinon je ne sais pas comment j'aurai réagit, la patience et moi ça fait deux. Mon plateau en main, je remarquai que la plupart des places étaient prises, enfin pas toute il en restait bien quelques unes. Je m’installai à la première que j‘aperçu, ben oui je n’allais pas aller au bout de la salle alors qu’il y avait une place qui s’offrait à moi. Ayant perdu l’appétit, mon plateau fut déposé avec la plus grande délicatesse du monde, comprenez par là que le son du plateau sur la table avait été entendu par les étudiants qui mangeaient de l’autre côté de la cafeteria. Le repas restait quelque chose d’important, bien que je n’aie pas la tête à le savourer, je m’y obligeais. J’étais danseuse, il me fallait bien des forces pour mon entrainement quotidien. Entrainement qui prenait une place considérable dans ma vie, à croire que je ne faisais que cela !

« Tiens ? »

Hochant la tête vers la droite, je n’avais pas remarqué qu’une personne se tenait devant moi. Était-elle là avant que je débarque ? Surement, j’étais tellement concentré sur moi-même que j’ai du faire abstraction du reste. La première chose que je remarquai : ses yeux et sa canne. C’était bien la première fois que je la voyais, je me demandais si elle était nouvelle ou pas. Bien que je ne sois pas un bon exemple étant donné que je passais une partie de mon temps à danser et l’autre partie dans ma résidence, il est fort possible qu’elle soit dans cette école depuis fort longtemps sans que je le sache. Devais-je m’excuser mon entrée brusque ? Aveugle ou pas aveugle, elle m’avait surement entendue et peut-être que je l’avais dérangée. Je lançai un petit « désolé » sans aucune conviction, vous savez les « désolé » et « pardon » que vous balancez à toute heure de la journée sans vraiment vous en rendre comptes.

« Désolée… »

**Invité**

Laquelle était arrivée en premier ? Sans doute la danseuse. Parce qu'avec le boucan qu'elle avait fait en rentrant dans la salle, Séraphine n'aurait pas pu la rater. En attendant, les voici toutes les deux en face l'une de l'autre, partageant une table, pour le meilleur... Et sans doute pour le pire. Pas spécialement dérangée, et surtout ne l'ayant pas encore percutée, l'aveugle, loin d'être nouvelle ici, attrapant une nouvelle fournée de nouilles avec ses baguettes et les avale aussi sec. C'est à ce moment seulement qu'elle entend un mouvement, devant elle, et s'immobilise dans une pose, ma foi, fort peu gracieuse, dardant un regard mort en direction de ce bruit. Hm ?
Une voix, maintenant. Féminine. Coréenne. Ses sourcils se froncent. Holy shit, elle n'était pas toute seule à cette table. Bravo, ma vieille, avec la chance que tu as, tu vas maintenant devoir te taper la conversation la plus lassante du siècle, à base de « han c'est quoi ton nom <3 ? » ou encore « et tu es dans quelle filière ? ~ » Ajoutez à cela des fleurs, des coeurs, des p'tits anges tout nus, et vous avez un tableau parfaitement niais, dégoulinant de bons sentiments.
Rien que d'y penser, la jeune femme sent une boule naître dans sa gorge.
Et ça commence bien ; comment rentrer dans la matière ? En faisant des excuses bien sûr !
WTF ?
Des excuses ? Et euh, pourquoi elle s'excuse au juste ? C'est qu'elle serait curieuse de le savoir, notre petite rouquine. Pourquoi cette fille, sortie de nulle part, s'excuse-t-elle donc ? Bonne question. Alors, pourquoi ne pas poser la question ! Avec une délicatesse toute écossaise, bien évidemment :

« … Et de quoi t'excuses, en fait? » souffle-t-elle un peu sèchement, dans un coréen approximatif, teinté d'un fort accent britannique.

Car le fait qu'elle soit étrangère n'était pas visible seulement physiquement – même si ça crevait les yeux, étant donné qu'elle était typée caucasienne – mais perçait facilement par sa voix, cette façon de glisser sa langue sur son palais au moindre r, d'articuler peu, et de ne pas être capable de faire des sons a priori simples – comme le son « u ». Et je ne parle pas des fautes de grammaire... Après trois ans ici, et une année complète d'études de la langue avant son arrivée, elle comprenait plutôt bien la langue, tant qu'on ne partait pas dans du vocabulaire compliqué, mais avait toujours une grammaire approximative – une tendance à utiliser des constructions anglaises, par exemple – et une syntaxe aléatoire.
Elle lève ses yeux vers sa compagne de tablée, donc, ses yeux blanchâtres et sans vie, comme si elle cherchait à la distinguer malgré tout. Elle cille dans le vide, et ravale une fournée de nouilles, mâchant lentement, épiant chaque son, analysant chaque frottement de tissus, chaque soupir – dans le brouhaha ambiant, elle avait un peu de mal, mais elle s'en sortait pas trop mal.

« Tu as quelque chose te reprocher ? » fit-elle ensuite.

Non, pas très sympathique, la dame. Le contraire, même, plutôt. Elle aurait pu continuer comme ça un moment, d'ailleurs, à enchaîner les répliques du genre « tu m'as volé mon mec que tu te comportes comme ça? » ou « tu as mis une grenouille dans mon assiette? » mais non, rien de tout cela. Parce qu'elle reste quand même un peu civilisée bien qu'agressive.

[hrp : désolée, c'est pas super long =/ Vraiment pas ; J'avais pas beaucoup de matière, donc j'essaie de relancer \o/]

Lin Jeong Hee à demandée à être supprimée donc je déplace désolée ><
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