« Y arriverais-je un jour ? »
Myung Hee en coréen signifie fille rayonnante. Pourtant, même si j'ai toujours essayé, je pense que c'est toi qui l'a toujours été le plus. Et même maintenant, alors que j'ai quitté cette famille dans laquelle je suis née, tu continues à apparaître devant moi, comme un obstacle insurmontable.
« Je les aime quand même, n'est-ce pas ? »
Avant de me présenter moi même, je vais vous parler de ma famille, après tout, on dit que ce sont les personnes les plus importantes dans notre vie, ceux qui doivent nous soutenir quoi qu'il arrive.
Ma mère, Lim Hee Ra, était chanteuse dans un bar que fréquentent seulement les ivrognes de la capitale coréenne. Pourtant, elle eu la chance ? de tomber un jour sur mon père, Yoon Woo Ri. Ce qu'il faisait là ? Il voulait démolir cet endroit dans le but de construire un restaurant de plus pour étendre son influence culinaire. Un véritable homme d'affaire quoi. Mais peut-être est-ce parce qu'il entendit ma mère chanter, ou parce qu'il a eu pitié d'elle, qu'il reporta la démolition de cet immeuble miteux, et à la place, devint un client assidu. Un jour, après en avoir eu assez de cotoyer des personnes de bas-étage, il se décida enfin à l'aborder et à lui parler, et puis, vous connaissez la suite : ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants. Sauf qu'ici, des deux personnes du couple, il n'y a que mon père qui vit heureux en ce moment. Et des enfants, ils n'en ont eu que deux, avant qu'il n'aille voir ailleurs, et avant qu'elle ne sombre petit-à-petit dans la folie dans sa cage dorée.
« Annyong-haseyo. Jeoneun Yoon Myung Hee imnida »
Je suis la seconde fille de Lim Hee Ra et Yoon Woo Ri. Mon nom est Yoon Myung Hee, et l'histoire de ma vie commence en un mois de juin. Je suis née dans un petit village près de Séoul, comme il en existe de nombreux. D'après ce que je sais, ou plutôt, d'après ce que la cuisinière-qui-est-là-depuis-plus-longtemps a daignée me révéler entre deux repas, c'est ici que mon père a établi sa résidence principale après qu'elle soit tombée enceinte de moi. Il y a eu des complications ou quelque chose comme ça, vous avez dû quitter la ville à cause de moi. C'est ici que Maman nous a élevé toi et moi. Enfin, élever, c'est un grand mot. Elle nous gâtait comme pas permis en dilapidant de l'argent à chaque seconde qui passait. Peut-être est-ce dû à ses origines ? Elle n'a jamais voulu me l'avouer quand je le lui ai demandé, mais peut-être que tu sais toi ?
« Le début d'une confrontation difficile »
Durant mon enfance, j'étais une fille assez calme, et je me cachais toujours derrière toi, parce que j'étais tout de même timide. Peut-être étais-ce l'influence de vivre à la campagne ? Tu étais très sociable, et tout le monde venait vers toi, alors je te considérais un peu comme un modèle, et j'étais fière d'être ta soeur. Je me demande quand j'ai commencé à trouver que c'était un fardeau. Peut-être étais-ce à cause de cet « incident », avec notre voisin … Comment s'appelait-t-il déjà ? Yoo Jae ? Un vrai campagnard. C'est avec lui qu'on allait s'amuser au bord du ruisseau, et avec qui on passait la majorité de notre temps. Il y avait très peu d'enfants, donc on n'avait pas vraiment le choix pour nos fréquentation. Mais en partant du principe que tous les gens n'habitant pas Séoul étaient gentils, Maman nous laissait jouer avec lui. Naïve jusqu'au bout. Heureusement, je ne le suis plus de mon côté. A vrai dire, malgré le fait que j'ai l'apparence d'une personne très sociable, je suis en réalité, assez méfiante, et il en faut beaucoup pour que j'accepte de faire confiance. Ça aussi, c'est à cause de Yoo Jae. Ou peut-être grâce ? Bref. C'est également lui qui m'a fait remarquer à quel point j'étais perfectionniste, et je le suis toujours autant, dans mes chorégraphies surtout. C'est à l'âge de dix ans que remonte ma première blessure, et je ne t'en veux plus vraiment tu sais, puisqu'elle m'a permis d'évoluer. C'était pendant une journée habituelle de cours à l'école du village voisin, celle qui avait un très bon niveau (Papa ne nous aurait pas laisser y aller sinon ! ). Nous étions en sport, et je partageais justement ce cours avec toi. Ce jour-là, nous allions nous séparer en deux équipes, pour jouer au football. Le capitaine de la première équipe : Yoo Jae. Je pensais que, étant son ami, il allait me choisir. J'avais tort. Il a choisi ma soeur en première, et moi, j'ai dû attendre jusqu'à la fin, que quelqu'un daigne me récupérer, vu qu'aucune équipe ne voulait de moi. Pourtant j'étais une petite fille assez dynamique, bien que le foot ne fasse pas partie de mes loisirs.
« - Pourquoi tu ne m'as pas choisi Jae ?
- Pourquoi je devrais ? De quoi t'es capable de toute façon ?
- Quoi ? Mais t'as bien pris PRENOM !
- Elle, c'est normal. Allez, va jouer ailleurs. »
Et toi, tu ne m'as même pas défendue. Normal ? J'ai quitté le cours et l'école en courant, les larmes aux yeux. J'ai couru jusqu'à me perdre, et j'ai pleuré autant que mes yeux me le permettaient. Pour la première fois de ma vie, je me rendis compte que je ne l'avais pas vraiment vécu. J'étais toujours en retrait toujours toi, à t'observer. C'est toujours toi que Papa venait voir en premier, et c'est avec toi que tout le monde jouait. Je n'étais que ta soeur, et c'est pour ça qu'on était gentil avec moi. Ce n'est pas pour rien que Papa et Maman t'ont appelée Mee Kyung. Perdue dans une détresse émotionnelle, une mélodie atteignit tout de même mes oreilles, c'est grâce à cette mélodie que j'ai pu rebondir. Je me levais, fatiguée, pour aller voir ce que c'était. J'atteignis alors une maison où, une fille dansait. Elle n'avait pas de gestes précis, mais était dynamique et un grand sourire au lèvres. Cela réchauffa mon coeur pendant un court instant, de voir quelqu'un se démener de la sorte. Je mis du temps à me rendre compte que c'était la maison de nos voisins. Et cette fille, c'était la noona de Jae. Je m'en suis rendue compte seulement quand je l'ai vu débarquer dans le jardin et éteindre la chaîne stéréo qui diffusait la musique. Rien qu'en le voyant mes larmes recommencèrent à couler, et je me sauvais une nouvelle fois en courant, habitude dont je devrais me débarrasser d'ailleurs.
« Un nouveau commencement »
Maman m'a puni, Papa … n'était pas là. Et toi, tu n'as rien dit, soit parce que tu étais d'accord, soit parce que tu t'en fichais royalement. Le souvenir de cette fille en train de danser était ancré dans ma mémoire, et si, jusqu'à présent, je n'avais développé aucun sens artistique, j'ai commencé à le faire avec la danse. Je me suis rendu compte que lorsque ce n'était pas pour le mathématiques, j'arrivais à mémoriser les chorégraphies des groupes populaires qui passaient à la télévision. La danse est devenu une passion dont je ne pouvais plus me passer. C'était ma raison de vivre, celle qui devait et doit me permettre d'atteindre les sommets. Les rencontres avec Papa étaient de plus en plus rares, et Maman s'est lassé de dépenser son argent. Maintenant qu'elle n'était plus dans le besoin, elle n'avait plus aucun but, et Papa ne la laissait pas retourner à Séoul, soi-disant parce qu'elle était trop fragile. En restant cloitrée chez nous, sans amis, elle a commencé à devenir folle. Elle n'en pouvait vraiment plus, et dans mon dernier souvenir d'elle, Maman ne m'adressait que des critiques. J'ai décidé que je ne deviendrais jamais comme elle, et que je devais toujours gardé ma liberté. Durant cette période, j'étais devenue plus indépendante, et je ne traînais plus avec toi. Tu avais tes préoccupations, quant à moi, et bien j'avais les miennes, surtout une en particulier. Je montais de temps en temps sur la capitale pour faire des stage de danse avec des professionnels, Papa me donnait de l'argent sans problème du moment que je le laissais tranquille. C'est lors d'un de ces stages que j'ai entendu parler de la Korea University of Art. La meilleure école d'art de toute la Corée. Mon professer m'avait dit que si je continuais à travailler sérieusement, je pourrais espérer y entrer. Je me renseignais, et quand je m'aperçus qu'elle dit vrai, je me fixais un but : me perfectionner dans ce que j'aimais le plus, pour être acceptée. Diplôme en main, j'ai quitté la maison sans vous dire au revoir, car je ne me sentais ni le courage ni l'envie de vous affronter, Maman et toi., et de répondre à vos questions. Je suis montée définitivement sur Séoul, louant un petit appartement en collocation, alternant cours de danse et travail. Autant dire que ça été assez difficile pour moi au début, en tant que fille de riche. Je n'étais pas vraiment habituée aux travaux manuels. Mais peu à peu, je me suis habituée. Je me suis fait de nombreux amis, et même certains dont le but était similaire au mien. Ma motivation n'a fait que se renforcer.
« J'y suis arrivée et toi ...aussi »
J'ai tenté le concours d'entrée l'année de mes dix-huit ans. Même s'il était accessible dès mes dix-sept ans, je voulais attendre d'acquérir un très bon niveau, après tout, cette école est réservée aux meilleurs, et je n'avais pas envie de me ridiculiser. J'ai reçu la lettre d'admission quelques jours plus tard, j'étais tellement heureuse d'avoir réussi, après avoir autant travailler. Je suis aller remerciée mon professeur de danse, et j'ai quitté avec regrets mes camarades à qui je m'étais attachée, qui ont fêté avec moi cette nouvelle. Ce n'était pas tous les jours qu'une personne qui était à ces cours arrivait à se hisser jusqu'à KUA. Dans cette école, je pourrais enfin entièrement me consacrer à la danse, et recevoir l'enseignement des meilleurs. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque le jour de l'accueil des nouveaux élèves, je t'ai trouvé, toi, tout sourire en train de parler aux nouveaux étudiants de la section chant. Curieuse, j'ai demandé à l'un de mes sunbae qui tu étais, ce à quoi il m'a répondu:
« Elle ? C'est la fille la plus prometteuse des secondes années, Yoon Mee Kyung. Elle a une voix divine, et en plus elle est super belle. Bref, c'est une populaire. »
Exaspérée, je détournais mon regard de celle que je cherchais à éviter, en l'occurrence, toi. Apparemment, c'est toi qui a hérité des gènes de Maman pour le chant. Je ne sais pas ce que tu es venu faire ici, et je ne veux pas le savoir pour l'instant. Je préfère m'éloigner comme je sais si bien le faire.
« Mianhe Mee Kyung-a~ »
Vu que nous sommes dans la même école, nous avons été amenée à nous rencontrer. Cette rencontre, tu ne peux pas savoir à quel point je l'ai redoutée. Je me suis demandé ce que je devais te dire, si je devais te demander des nouvelles de Maman, ou bien des tiennes. Mais quelque chose m'empêchait tout de même d'être totalement heureuse de te revoir. Alors la seule chose que j'ai trouvé à te dire c'était de faire comme si tu ne me connaissais pas, et de tourner le dos. Je n'ai pas envie que les gens connaissent notre lien de parenté, pour ne pas être encore une fois être nommée en tant que ta soeur. Mianhe, j'espère que tu comprends mon choix. Je redoute une nouvelle rencontre avec toi, parce que je n'ai même pas attendu ta réponse, alors, s'il-te-plaît, rends-toi compte de ce que j'ai dû endurer et ne sois pas fâchée, et même si tu l'étais, je ne t'avouerais jamais la vérité, vu que moi-même je ne l'accepte pas. Je préfère vivre ma vie comme je l'entend et ne plus penser à toi, est-ce si mal ?